Israël observerait une pause de 12 heures samedi à Gaza

par Nidal al-Mughrabi et Crispian Balmer JERUSALEM/GAZA/LE CAIRE (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré au secrétaire d'Etat américain John Kerry qu'Israël observerait une "pause" de douze heures dans ses opérations militaires à Gaza à partir de samedi matin 07h00 (04h00 GMT), a rapporté vendredi soir au Caire un responsable américain qui a requis l'anonymat. Auparavant, le cabinet de sécurité israélien avait rejeté une proposition de cessez-le-feu plus durable. Réuni autour du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il avait réclamé des modifications à ce projet dont les détails n'ont pas été rendus publics. Une réunion internationale s'ouvrira samedi matin à Paris afin de "faire converger les efforts" dans la recherche d'un cessez-le-feu, a-t-on appris de source diplomatique française. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius réunira à 09h00 (07h00 GMT) ses homologues américain, britannique, italien, allemand, qatari et turc, ainsi que Catherine Ashton, haute représentante de l'UE pour la politique internationale, pour faire le point sur la situation à Gaza. "Notre objectif, en appui des initiatives en cours et en premier lieu l'initiative de l'Egypte, est de faire converger les efforts internationaux pour faire émerger le plus rapidement possible les conditions d'un cessez-le-feu", a-t-on ajouté. Vendredi soir au Caire, John Kerry, Sameh Choukri, ministre égyptien des Affaires étrangères, et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon ont demandé une trêve humanitaire de sept jours pour les célébrations de l'Aïd al Fitr, qui marqueront la fin du ramadan la semaine prochaine. FRAPPER LES TUNNELS Malgré le rejet vendredi soir d'une proposition de trêve par Israël, John Kerry a voulu se montrer optimiste tout en reconnaissant qu'il existait des désaccords sur les termes d'un cessez-le-feu. "De sérieux progrès" ont été accomplis, a-t-il assuré, mais des efforts sont encore nécessaires. Il s'est dit convaincu que Benjamin Netanyahu voulait lui aussi parvenir à un accord. Il a souligné que le texte rejeté par le cabinet de sécurité israélien ne constituait pas une "proposition officielle, une proposition définitive". Israël aurait repoussé la proposition de trêve car elle l'aurait empêché de poursuivre ses opérations contre les tunnels transfrontaliers du Hamas. "La proposition de Kerry penchait trop du côté des exigences du Hamas", a-t-on dit de source israélienne. Sur le terrain, les bombardements se poursuivent. Depuis le 8 juillet, 844 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués, dont 55 pour la seule journée de vendredi. Les opérations terrestres ont également coûté la vie à 35 soldats israéliens, dont trois tués vendredi. Le Hamas conditionne toute trêve durable à la levée du blocus de Gaza et demande la libération de centaines de Palestiniens arrêtés le mois dernier après l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens. Le bombardement d'une école gérée par l'Onu, qui a coûté la vie à 15 personnes jeudi, a conduit la communauté internationale à renouveler ses appels à la cessation des hostilités. Mais les discussions par pays interposés piétinent. HEURTS EN CISJORDANIE Vendredi, 55 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, dont le principal porte-parole du Djihad islamique - un groupe allié au Hamas - et son fils, selon des responsables gazaouis, ce qui porte à 844 le nombre de Palestiniens tués depuis déclenchement de l'opération "Bordure protectrice" le 8 juillet. En Israël, trois civils ont été tués par des roquettes palestiniennes depuis le début des combats. L'armée a par ailleurs définitivement conclu à la mort du sergent Oron Shaul, dont le Hamas avait revendiqué la capture six jours plus tôt sans diffuser cependant de photo de lui en captivité. Face à la dégradation de la situation, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé à l'ouverture d'un corridor humanitaire dans l'enclave, afin de permettre l'évacuation de blessés et l'entrée de médicaments. Les combattants de la bande de Gaza ont continué à tirer des roquettes longue portée, qui ont déclenché les sirènes d'alerte dans les environs de Tel Aviv. Le Hamas dit avoir tiré trois roquettes en direction de l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Les sirènes ont retenti et le hall de l'aéroport s'est brusquement vidé mais Israël n'a pas fait état d'impacts. La Federal Aviation Administration (FAA), l'agence fédérale américaine de l'aviation civile, avait ordonné mardi la suspension des vols opérés par des compagnies américaines vers Ben Gourion, avant de lever cette suspension mercredi soir. La tension monte également en Cisjordanie. Vendredi, six Palestiniens y ont été tués par balles lors d'accrochages distincts avec l'armée et, semble-t-il, un colon israélien, près de Hébron et de Naplouse. (Avec Ori Lewis à Jérusalem, Noah Browning à Gaza, Ali Sawafta à Ramallah, Arshad Mohammed, Yasmine Saleh et Shadia Nasralla au Caire; Simon Carraud et Guy Kerivel pour le service français)