En Israël, Netanyahu inflexible sur ce point-clé pour la libération des otages, malgré la pression de la rue
INTERNATIONAL - « Nous n’avons plus le temps. » Après onze mois de guerre, voilà l’un des slogans scandés par les dizaines de milliers de citoyens israéliens descendus manifester dans les rues de Tel-Aviv, ce lundi 2 septembre. Avec leurs voix, ils veulent faire pression sur le gouvernement pour obtenir au plus vite la libération des otages retenus à Gaza. Mais ni l’appel à la grève générale, ni les pancartes le dénonçant comme coupable ne semblent infléchir les positions de Benjamin Netanyahu.
En Israël, la pression de la rue monte sur Netanyahu pour obtenir la libération des otages du Hamas
En particulier, le Premier ministre refuse tout compromis sur un point-clé pour conclure un accord avec le Hamas en vue d’un cessez-le-feu et d’une libération des otages : le corridor de Philadelphie. Cette petite bande de terre de 14 km de long et de 100 mètres de large, située le long de la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte.
L’une des principales revendications du Hamas est en effet qu’Israël retire toutes ses forces de ce corridor. Mais ce lundi, lors d’une conférence de presse à Jérusalem, Benjamin Netanyahu a de nouveau réaffirmé son intention de maintenir un contrôle militaire israélien dans cette zone. Selon lui, « le contrôle du couloir de Philadelphie garantit que les otages ne seraient pas sortis clandestinement de Gaza ».
« La réalisation des objectifs de la guerre passe par le couloir de Philadelphie », a estimé le dirigeant israélien. « Je ne céderai pas aux pressions », a-t-il également martelé à ce sujet, avant d’ajouter : « Nous ne renoncerons pas aux questions existentielles pour Israël, ce n’est que quand le Hamas le comprendra que nous pourrons parvenir à un accord ».
Une zone contrôlée par Israël depuis le mois de mai
Le corridor de Philadelphie a vu le jour après les accords de camp David de 1979, qui scellent des accords de paix entre Israël et l’Égypte, mettant fin à plus de 30 ans de conflit entre les deux pays rivaux. Avant l’attaque du 7 octobre et depuis 2005, cette « zone tampon » était entièrement contrôlée par l’Égypte.
Le 29 mai dernier, l’armée israélienne en a repris le contrôle, Tsahal ayant identifié « une vingtaine de tunnels » dans le secteur permettant, selon ses informations, d’alimenter les forces armées du Hamas. Ces affirmations ont été démenties par l’Égypte. Mais pour Israël, ce corridor est une zone hautement stratégique, car il lui permet d’entourer entièrement la bande de Gaza.
Netanyahu en désaccord avec son ministre de la Défense
Si Netanyahu semble vouloir rester sourd à la rue, les critiques ne se limitent pas à celles des manifestants. Lors d’une réunion jeudi dernier avec le cabinet de sécurité israélien, Benjamin Netanyahu a présenté plusieurs cartes pour justifier le maintien de l’armée israélienne dans le corridor de Philadelphie pendant la première phase d’un accord avec le Hamas.
Mais alors qu’un vote unanime envers cette option se dessinait, son ministre de la Défense Yoav Gallant a appelé par deux fois le cabinet à s’écarter de cette stratégie, affirmant qu’une telle mesure rendrait impossible la conclusion d’un accord sur la prise d’otages, ont rapporté CNN et le Times of Israel. Il a dans la foulée appelé publiquement à revenir sur la décision de subordonner tout accord de cessez-le-feu au maintien d’une présence militaire le long du corridor de Philadelphie.
Réagissant à la mort de six otages dimanche à Gaza, le président américain a lui aussi haussé le ton. Dans une interview ce lundi, Joe Biden a ainsi accusé Netanyahu de ne pas faire assez pour conclure un accord pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza. Mais il a ensuite assuré, comme il le fait depuis des mois, que les négociateurs étaient « très proches » de pouvoir annoncer un accord dans la semaine.
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