Israël-Liban : ce qu’est la résolution 1701 de l’ONU que la France veut faire respecter dans la région

Des Casques bleus du contingent espagnol de la Finul dans le sud du Liban, le 23 août 2024.
ANWAR AMRO / AFP Des Casques bleus du contingent espagnol de la Finul dans le sud du Liban, le 23 août 2024.

INTERNATIONAL - C’est l’une des exigences du ministre français des Affaires étrangères, en pleine crise entre Israël et le Liban. Il faut « mettre enfin pleinement en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », a exhorté Jean-Noël Barrot lundi 30 septembre depuis Beyrouth. Pour amorcer une désescalade, ce texte est l’un des « paramètres d’un règlement diplomatique durable », a estimé le patron du Quai d’Orsay, rappelant qu’il l’est d’ailleurs « de longue date ».

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L’adoption de ce texte – à l’unanimité – remonte au 11 août 2006. La résolution permet à l’époque d’acter la fin d’un violent conflit long de 33 jours entre le Hezbollah libanais et Israël.

Cette guerre, dont le souvenir est aujourd’hui ravivé chez les habitants des deux pays, avait éclaté après l’enlèvement par le Hezbollah de deux soldats israéliens à la frontière. La vaste offensive lancée en représailles par Israël, et les affrontements qui en découlèrent, ont causé la mort de 1 200 Libanais – essentiellement des civils – et de 160 Israéliens, majoritairement militaires. C’est lors de ce conflit que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne le 28 septembre, s’est imposé comme un véritable héros dans le monde arabe.

Au-delà de l’arrêt des hostilités, la résolution 1701 stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Liban (Finul) doivent être déployés dans le sud du pays, depuis le fleuve Litani jusqu’à la frontière, à 30 km. Toutes les autres forces armées, en l’occurrence les forces israéliennes et le Hezbollah, doivent donc se retirer. Et ne devraient normalement plus y mettre un pied.

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Les Casques bleus « empêchés » par les combats

Or dans les faits, le Hezbollah maintient sa présence dans la région. Si les principales institutions du mouvement sont basées hors de la zone en question, dans la banlieue sud de Beyrouth, selon des experts, il y a creusé un important réseau de tunnels. Il renforce aussi son arsenal, qui comprend des missiles guidés, et revendique 100 000 combattants.

Au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas palestinien et du début de la guerre à Gaza, le Hezbollah ouvre d’emblée un nouveau front contre Israël. Depuis, les échanges de tirs transfrontaliers ont contraint quelque 60 000 Israéliens à fuir le nord du pays. Un conflit qui s’est envenimé le 23 septembre avec la campagne de bombardements meurtriers lancée par Israël contre le Hezbollah, et les incursions terrestres revendiquées lundi soir par Israël. La résolution 1701 a définitivement volé en éclats.

La Finul, dont le rôle est essentiel dans l’application de la résolution 1701, est mise à mal par l’escalade des tensions. Les 10 000 soldats – dont des Français – installés depuis 1978 le long de la « Ligne bleue », ligne de démarcation fixée par l’ONU entre le Liban et Israël, sont « empêchés [dans] leurs mouvements et leur capacité à remplir leurs tâches » par « l’intensité des combats », a indiqué le porte-parole du secrétaire général des Nations unies. « Ils ne peuvent pas patrouiller », a-t-il précisé, notant que ces hommes pouvaient juste observer la situation de là où ils sont postés.

Après son entretien lundi avec Jean-Noël Barrot, le Premier ministre libanais Najib Mikati a lui aussi appelé à un cessez-le-feu et affirmé que « la priorité est l’application de la résolution 1701 » de l’ONU. Cinq jours plus tôt, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU à l’initiative de la France, le représentant d’Israël s’est lui aussi dit favorable à une application « pleine et entière » du texte, relatent les Nations unies dans leur compte rendu. Mais il a aussi prévenu : « Il n’y aura pas de paix dans la région tant que nous ne détruirons pas cette toile d’araignée ».

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