Israël-Liban : pourquoi l’État hébreu concentre ses frappes contre le Hezbollah sur le front au Sud-Liban

Alors que les frappes israéliennes contre le Hezbollah ont pris une nouvelle ampleur, les Libanais ont été appelés pour la première fois à « s’éloigner des cibles » du parti chiite.

INTERNATIONAL - Le « centre de gravité de la guerre » va se « déplacer vers le Nord ». Après les explosions de bipeurs et de takies-walkies du Hezbollah la semaine dernière, Israël avait annoncé une extension de son conflit avec le Hamas, qui se déroule actuellement dans la bande de Gaza, pour ouvrir un nouveau front au Sud du Liban.

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La menace est devenue réalité, dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 septembre, lorsque l’armée israélienne a bombardé la banlieue près de Beyrouth. Les tirs se sont encore intensifiés ce lundi 23 septembre, avec « 300 frappes aériennes » israéliennes « plus précises contre les cibles terroristes » menées dans le sud et l’est du Liban. En visant cette région, Israël cherche surtout à faire reculer et affaiblir le Hezbollah, soutient inconditionnel du Hamas dans la guerre à Gaza.

Dès le lendemain de l’attaque du Hamas, le 8 octobre 2023, le mouvement chiite Hezbollah y a ouvert un front contre Israël en « soutien » au Hamas, jurant de continuer à attaquer Israël « jusqu’à la fin de l’agression à Gaza ».

Depuis un an désormais, des affrontements transfrontaliers entre Tsahal et le Hezbollah ont lieu quasi quotidiennement. Résultat : la population israélienne du nord d’Israël a fui en octobre 2023 et n’est toujours pas revenue.

Mais jeudi, après l’opération israélienne d’explosions des appareils de transmission du Hezbollah, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que le « retour des habitants du nord [d’Israël] » était un nouvel objectif de guerre. « Aucun pays au monde n’accepterait que ses villes soient sous le feu continuel de roquettes. Nous ne l’acceptons pas non plus. Nous prendrons toutes les actions nécessaires pour restaurer la sécurité et ramener notre population chez elle », a justifié le dirigeant d’extrême droite.

« Vous ne pourrez pas ramener les habitants du nord » chez eux, lui a rétorqué le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah. « Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu’à la fin de l’agression à Gaza », a-t-il martelé.

Ignorant la réponse du chef du Hezbollah, Benjamin Netanyahu a mis ses menaces à exécution ce lundi en lançant une vague massive de frappes contre les installations du Hezbollah. Un responsable militaire a précisé que l’armée israélienne se concentrait actuellement « uniquement sur la campagne aérienne » contre le Hezbollah, dont les fiefs se trouvent dans le sud du Liban, dans la banlieue sud de Beyrouth et dans l’est du pays.

Dans la foulée de ces bombardements, et pour la première fois depuis le 7 octobre, des avertissements ont été adressés à la population libanaise par l’armée israélienne. « Nous conseillons aux civils des villages libanais situés à l’intérieur ou à proximité de bâtiments et de zones utilisées par le Hezbollah à des fins militaires, tels que ceux utilisés pour stocker des armes, de se mettre immédiatement à l’abri pour leur propre sécurité », a déclaré le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d’un point presse.

L’agence officielle libanaise a, elle, annoncé lundi que des Libanais avaient reçu sur leurs téléphones fixes des messages d’Israël leur demandant d’évacuer les lieux où ils se trouvent. Les écoles du pays, proches des zones ciblées, sont, elles, fermées jusqu’à mardi.

Le ministère de la Santé libanais a, lui, demandé aux hôpitaux du sud et de l’est de suspendre toutes les opérations non urgentes afin d’accueillir les blessés atteints par les frappes intensives israéliennes.

Le premier objectif de l’opération de ce lundi est de « réduire les menaces » du Hezbollah, le deuxième de repousser le Hezbollah de la frontière israélienne au nord, et le troisième de détruire les infrastructures construites près de la frontière par l’unité Radwan, la force d’élite du Hezbollah, a détaillé un responsable militaire, lors d’une conférence de presse.

Le responsable a également indiqué que les frappes « préventives » d’Israël, envoyées dans la nuit de dimanche à lundi, avaient déjà entravé la capacité du Hezbollah à tirer des roquettes. « Nous le faisons depuis longtemps déjà, mais nous le faisons de manière intense depuis deux jours (...), et c’est l’une des raisons pour lesquelles le nombre (de roquettes tirées) est en baisse », a-t-il affirmé.

« La semaine écoulée a été la plus difficile dans l’histoire du Hezbollah », a assuré dimanche le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, devant les responsables militaires du commandement Nord.

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