Israël-Liban : comment les alliés d’extrême droite de Netanyahu ont torpillé le projet de cessez-le-feu
Chantage politique, appel à la guerre… Les ministres d’extrême droite de la coalition gouvernementale ont eu un rôle essentiel dans le refus d’une trêve de 21 jours au Liban.
INTERNATIONAL - Un projet mort-né. Progressivement, les contours d’un projet de cessez-le-feu avorté entre Israël et le Hezbollah commencent à prendre forme ce jeudi 26 septembre, au quatrième jour des affrontements exacerbés entre l’État hébreu et le mouvement chiite pro-iranien.
Israël a promis ce jeudi de combattre le Hezbollah libanais « jusqu’à la victoire », rejetant ainsi un appel international à un cessez-le-feu de 21 jours, pendant que les frappes aériennes massives d’Israël se poursuivent sur l’est et le sud du Liban.
Accord initial de Benjamin Netanyahu
Pourtant, selon le média israélien Harretz, citant des sources diplomatiques impliquées dans la proposition de trêve, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait dans un premier temps approuvé la proposition formulée par Paris et Washington, avec le soutien de l’Union européenne et d’autres alliés ainsi que plusieurs États arabes. Le chef d’État israélien a finalement changé de cap « après avoir été critiqué par des factions au sein de son gouvernement », écrit Harretz.
Une hypothèse renforcée jeudi soir par les déclarations de la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre, expliquant que l’appel à un cessez-le-feu au Liban a été lancé « en coordination » avec Israël. Durant cette prise de parole, elle a également assuré que des « discussions » continuaient à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, après que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, eut affirmé qu’il n’y aurait « pas de cessez-le-feu dans le Nord ».
L’AFP souligne d’ailleurs ce jeudi que trois membres de la coalition gouvernementale d’extrême droite du Premier ministre israélien ont bel et bien rejeté la proposition de cessez-le-feu au Liban, dont Israël Katz. Renforçant encore un peu plus l’idée d’un court-circuitage interne.
Une coalition clé dans la balance
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, allié d’extrême droite clef pour cette coalition gouvernementale, a écrit sur X qu’« il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de se remettre des coups violents qu’il a reçus et de se réorganiser pour poursuivre la guerre après 21 jours ». « La campagne [militaire au] nord ne doit se terminer que d’une seule façon : l’écrasement du Hezbollah et l’élimination de sa capacité à nuire aux habitants du nord » d’Israël, a-t-il écrit, ne croyant qu’en « la reddition du Hezbollah ou la guerre ». Un message particulièrement clair.
Il faut dire que la coalition formée autour du Premier ministre israélien repose en grande partie sur le soutien de Bezalel Smotrich et d’autres ministres d’extrême droite. Ministres qui se sont d’ailleurs toujours opposés à une trêve dans la bande de Gaza, où la guerre se poursuit toujours.
Itamar Ben Gvir, autre ministre d’extrême droite, a menacé lui de boycotter les travaux du gouvernement si Israël accepte un cessez-le-feu temporaire avec le Hezbollah. Il a en outre prévenu qu’il démissionnerait si le cessez-le-feu devenait permanent.
Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, s’est lui aussi opposé à tout arrêt des combats. « Il n’y aura pas de cessez-le-feu dans le Nord. Nous continuerons à lutter contre l’organisation terroriste du Hezbollah de toutes nos forces jusqu’à la victoire et jusqu’au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers », a-t-il déclaré ce jeudi. À l’inverse, le chef de l’opposition Yaïr Lapid (centre droit) a estimé que le gouvernement devrait accepter une trêve, « mais seulement pour sept jours afin de ne pas permettre au Hezbollah de reconstituer son état-major et sa chaîne de commandement ».
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