Israël-Iran : la guerre contre le Hezbollah est-elle en train de basculer vers une guerre totale ?

INTERNATIONAL - Le Moyen-Orient est-il sur le point de s’embraser ? En quelques heures, la situation s’est dramatiquement aggravée mardi 1er octobre, alors que l’Iran a lancé dans la soirée des missiles sur Israël. Une réponse aux incursions terrestres de l’État hébreu au Liban. Même si les projectiles, qui n’ont fait que deux blessés léger, ont été intercepté, Benjamin Netanyahu a déclaré que Téhéran en paierait « le prix ».

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Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, la communauté internationale alertait sur le risque d’un « embrasement régional » et n’a cessé d’appeler à la désescalade. Mais ces dernières semaines les tensions se sont dangereusement exacerbées entre Israël et le pays du Cèdre : explosion des bipeurs, puis des Talkies-Walkies attribuée à Israël, élimination d’Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, dans un bombardement israélien, incursions terrestres sur le territoire libanais...

Au point de faire réagir l’Iran. Ce dernier, qui déclarait il y a deux jours ne pas souhaiter envoyer de combattant à Gaza et au Liban pour combattre son ennemi juré, a finalement choisi d’attaquer directement Israël en envoyant environ 180 missiles, deux fois plus qu’au printemps dernier lors de la première riposte. Un cas de figure que la communauté internationale cherchait à tout prix à éviter pour ne pas basculer dans « l’embrasement ».

Israël-Liban : qu’est-ce que « l’embrasement régional » que tout le monde craint (Photo d’une frappe israélienne près de Beyrouth au Liban le 1er octobre 2024)
FADEL ITANI / AFP Israël-Liban : qu’est-ce que « l’embrasement régional » que tout le monde craint (Photo d’une frappe israélienne près de Beyrouth au Liban le 1er octobre 2024)

Le cas de figure du pire

Pour l’ex-colonel Michel Goya, historien et auteur de L’Embrasement - Comprendre les enjeux de la guerre Israël-Hamas (éditions Robert Laffont), une « guerre totale » au Moyen orient correspond à un conflit ouvert entre Israël et l’Iran, deux États souverains… et leurs alliés. « C’est le cœur du problème, explique-t-il au HuffPost. Ce conflit engagerait d’autres États impliqués dans la région ».

Parmi eux, les États-Unis, principal soutien d’Israël. De son côté, l’Iran est épaulé par plusieurs organisations non étatiques qui sont présentes dans plusieurs pays, en Irak, au Yémen, en Syrie et donc au Liban avec le Hezbollah. « Et ces organisations sont elles-mêmes déjà en friction avec les bases américaines basées en Irak et en Syrie par exemple », précise l’expert.

Dans ce cas de figure catastrophe, ces acteurs pourraient s’impliquer tous en même temps dans le conflit. Et l’existence de l’arsenal nucléaire en Iran ne participe pas à l’apaisement des esprits.

La suite du conflit entre les mains d’Israël

L’Iran a-t-il alors fait basculer le conflit en adoptant cette position agressive ? « On a du mal à comprendre la stratégie iranienne dans cette affaire », admet Michel Goya. Pour lui, si cette action montre la solidarité du régime avec l’axe de la Résistance, cela reste « militairement inefficace » et cela « donne un énorme prétexte à Israël pour l’attaquer à grande échelle ».

« On ne peut pas considérer à l’heure actuelle qu’on est dans une guerre totale car pour le moment on reste dans des actions ponctuelles et maîtrisées. C’est paradoxal, mais c’est une escalade maîtrisée », souligne auprès du HuffPost Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense à l’Université Lyon 3.

Selon les deux experts, tout va se jouer dans les jours qui viennent avec la réponse d’Israël. « Si Tel Aviv riposte fort, mais ne lance pas de campagne de frappes, et si les Iraniens en restent là, on restera sur le même schéma limité d’avril dernier », nous explique-t-il. En effet, le 13 avril dernier, l’Iran avait lancé plus de 200 drones et missiles contre Israël, en riposte à un raid contre le consulat iranien à Damas, imputé à l’État hébreu. Celui-ci s’était abstenu de riposter.

Mais dans le cas où il choisirait cette fois-ci de répliquer, le pire serait à craindre. « On franchirait le seuil d’une nouvelle guerre ouverte, à coups de raids aériens, de cyberattaques d’un côté, et de frappes de missiles, et peut-être des attaques terroristes de l’autre », imagine l’ancien colonel. Reste donc à voir quels pions va déplacer Israël dans les heures ou les jours à venir.

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