Israël cherche à régler la "crise des portiques"

Les autorités israéliennes n'ont pas l'intention de retirer les portiques de sécurité mis en place aux entrées de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem et dont la présence a causé une éruption de violence qui a fait au moins sept morts. /Photo prise le 23 juillet 2017/REUTERS/Ammar Awad

par Dan Williams JERUSALEM (Reuters) - Le gouvernement israélien n'a pas l'intention de retirer les détecteurs de métaux installés aux abords de l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem, dont la présence suscite la colère des Palestiniens, mais pourrait en limiter l'utilisation, a-t-il fait savoir dimanche. Ces portiques ont été mis en place après la mort de deux policiers, tués le 14 juillet par des Arabes israéliens sur le site. Troisième lieu saint de l'islam, il abrite notamment la mosquée Al Aksa et le dôme du Rocher. Il est également révéré par les juifs en raison de la présence du mur des Lamentations, en contrebas. La présence des portiques de détection a suscité l'indignation de nombreux Palestiniens qui ont décidé de prier dans la rue et se sont violemment opposés aux forces de l'ordre. Trois Israéliens et quatre Palestiniens ont été tués vendredi et samedi. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir lundi pour chercher un moyen d'apaiser les tensions. Jason Greenblatt, représentant spécial de Donald Trump pour les négociations internationales, a été dépêché dimanche soir en Israël, selon un membre de l'administration américaine. "Le président Trump et son administration suivent de très près l'évolution de la situation dans la région. Les Etats-Unis condamnent fermement les récentes violences terroristes", a-t-il déclaré. A Amman, en Jordanie où vivent de nombreux Palestiniens, des tirs ont fait deux morts et un blessé à l'ambassade d'Israël, a-t-on appris de source proche des services de sécurité. Les deux tués sont Jordaniens et le blessé est Israélien. On ignore les circonstances de la fusillade et les autorités israéliennes ont interdit à la presse d'en parler. Soucieux de désamorcer la crise, le gouvernement israélien l'est aussi de ne pas paraître céder aux exigences palestiniennes. "REJET ABSOLU" "Les détecteurs de métaux vont rester. Ce n'est pas aux meurtriers de nous dire comment fouiller les meurtriers", a déclaré dimanche le ministre du Développement régional, Tzachi Haneghi, sur les ondes de Radio Israël. "S'ils (les Palestiniens) ne veulent pas entrer dans la mosquée, qu'ils n'y entrent pas." Son collègue de la Sécurité publique, Gilad Erdan, a toutefois laissé entendre que d'autres mesures pourraient être mises en place aux entrées de l'esplanade des Mosquées. Soulignant l'instabilité de la situation sur les ondes de la radio de l'armée, il a évoqué l'installation de caméras dotées de systèmes de reconnaissance faciale. Cela éviterait de faire passer par les portiques "des gens que la police connaît, ceux qui vont prier régulièrement, les personnes très âgées, etc", a-t-il expliqué. Des heurts sans gravité ont éclaté dimanche soir entre fidèles musulmans et forces de l'ordre israéliennes après des prières à l'entrée de la vieille ville de Jérusalem. Une roquette tirée de la bande de Gaza s'est par ailleurs abattue en Israël sans faire de dégâts, a annoncé l'armée israélienne. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a annoncé vendredi la rupture des contacts avec Israël en exigeant le démontage des portiques. "Si Israël veut que la coordination reprenne en matière de sécurité, ces mesures doivent être retirées", a-t-il déclaré dimanche. Les autorités musulmanes dont dépend la mosquée al Aksa ont quant à elles promis de s'opposer à toute nouvelle mesure imposée par Israël. "Nous insistons sur notre rejet absolu de (...) toutes les mesures de l'Occupation qui seraient de nature à changer le statut historique et religieux de Jérusalem et de ses lieux saints", déclarent dans un communiqué commun des représentants des autorités palestiniennes et de la fondation administrée par la Jordanie qui gère l'esplanade des Mosquées. La Turquie a également demandé la suppression des détecteurs de métaux, tandis que la Ligue arabe accusait Israël de "jouer avec le feu". (Avec Ali Saouafta et Nidal al Moughrabi; Gilles Trequesser et Danielle Rouquié pour le service français)