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Israël: Benjamin Netanyahu écarté, après 12 ans au pouvoir

ISRAËL: BENJAMIN NETANYAHU ÉCARTÉ, APRÈS 12 ANS AU POUVOIR

JÉRUSALEM (Reuters) - Le Parlement israélien s'est prononcé dimanche en faveur d'un nouveau gouvernement de coalition, mettant un terme aux douze années de pouvoir exercées par Benjamin Netanyahu en tant que Premier ministre.

L'homme d'affaires ultranationaliste, Naftali Bennett, un millionnaire ayant fait fortune dans le secteur de la technologie, a été nommé pour lui succéder.

Rejoignant dorénavant l'opposition, Benjamin Netanyahu, 71 ans, l'un des hommes politiques israéliens les plus influents de sa génération, a assuré qu'il reviendrait bientôt au pouvoir.

"Si nous sommes destinés à aller dans l'opposition, nous irons la tête haute jusqu'à ce que l'on renverse la situation", a-t-il dit au Parlement avant que Naftali Bennett ne soit nommé Premier ministre. Cela arrivera "plus tôt que vous ne le pensez", a-t-il ajouté.

Après une session tendue au cours de laquelle les partisans de Benjamin Netanyahu ont crié "honte" et ont qualifié Naftali Bennett de "menteur", le Parlement israélien - la Knesset - a validé le projet de gouvernement avec une très courte avance, à 60 votes contre 59.

Cela témoigne de la fragilité de cette coalition hétéroclite qui comprend des partis de gauche, du centre, de droite et, pour la première fois de l'histoire israélienne, un parti représentant la minorité arabe.

Le nouveau gouvernement, qui s'est formé après les élections législatives de mars où aucune majorité ne s'était dégagée, ne devrait pas changer radicalement de politique sur la scène internationale, notamment sur la question des Palestiniens, selon l'entente qui a été négociée entre les partis de la coalition. Il devrait se concentrer davantage sur des réformes intérieures.

CHANGEMENT DE PREMIER MINISTRE EN 2023

Benjamin Netanyahu, Premier ministre depuis 2009, après un premier mandat de 1996 à 1999, ne parvenait plus à obtenir de victoire dans les urnes depuis 2019 et était actuellement jugé pour corruption, accusations qu'il dément.

Selon l'accord conclu entre les partis de la coalition, Naftali Bennett devra céder sa place en 2023 au centriste de l'opposition, Yair Lapid, un ancien présentateur de télévision.

Le nouveau Premier ministre a remercié Benjamin Netanyahu de la part de l'Etat d'Israël pour ses "longs" services "remplis de succès".

Les deux politiciens ne s'apprécient guère. Naftali Bennett a été, durant une courte période, chef du cabinet de Benjamin Netanyahu et avait une relation tendue avec lui lorsqu'il était ministre de la Défense. Dans la course que se sont livrés les partis pour former un gouvernement, Naftali Bennett a refusé la main tendue de l'ancien Premier ministre pour le rejoindre.

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a félicité le nouveau Premier ministre et a fait savoir qu'il avait hâte de travailler avec lui et son gouvernement pour renforcer la relation "étroite et durable" que les deux pays entretiennent.

"Mon administration est tout à fait prête à travailler avec le nouveau gouvernement israélien pour avancer sur des thèmes tels que la sécurité, la stabilité, la paix pour les Israéliens, les Palestiniens et les gens de la région", a-t-il dit par communiqué.

INQUIÉTUDES SUR L'IRAN

S'adressant au Parlement, Naftali Bennett a fait écho à l'appel de son prédécesseur en invitant les Etats-Unis à ne pas revenir dans l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, un accord que les Etats-Unis avaient quitté sous l'administration de Donald Trump.

"Le renouvellement de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran serait une erreur qui légitimiserait un des régimes les plus violents au monde", a-t-il dit. "Israël ne laissera pas l'Iran s'équiper avec des armes nucléaires".

Remerciant Joe Biden pour le soutien que les Etats-Unis ont apporté pour combattre les militants du Hamas dans la bande de Gaza le mois dernier, Naftali Bennett a dit qu'il comptait continuer à entretenir de bonnes relations avec les Démocrates et les Républicains.

Le nouveau cabinet, qui s'est réuni pour la première fois dimanche, devra relever de nombreux défis, tels que la menace de l'Iran, le cessez-le-feu fragile avec les militants palestiniens, l'enquête menée par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre ou encore la reprise économique après la crise sanitaire.

Parmi les priorités du nouveau gouvernement figurent des réformes dans l'éducation, la santé, la simplification de la législation pour favoriser la création d'entreprises et la baisse des coûts de logement.

Les membres de la coalition ont dit qu'ils voteraient un budget sur deux années pour stabiliser les finances du pays et maintenir un "statu quo" sur la question de la relation entre religion et Etat.

(Maayan Lubell et Jeffrey Heller, version française Caroline Pailliez)