Israël autorise l'alimentation de force des grévistes de la faim

JERUSALEM (Reuters) - Le Parlement israélien a adopté jeudi une loi autorisant l'alimentation de force des détenus grévistes de la faim, malgré l'opposition du corps médical et des associations de défense des droits de l'homme. La coalition de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu a tenu bon au terme d'un long débat parlementaire et le texte de loi a été voté par 46 députés de la Knesset, qui compte 120 élus. Quarante députés ont voté contre. Les prisonniers palestiniens observent régulièrement des grèves de la faim pour dénoncer les "détentions administratives", un dispositif qui permet à Israël de détenir des suspects sans jugement. L'Etat hébreu redoute le décès d'un gréviste de la faim, qui pourrait avoir de graves répercussions. Mais l'association médicale israélienne, qui considère l'alimentation de force comme une forme de torture et la juge médicalement risquée, a appelé les médecins à ne pas respecter la loi. La branche israélienne de l'ONG Physicians for Human Rights (PHRI) a également protesté contre le texte. "Il pousse la communauté médicale à enfreindre gravement l'éthique médicale pour un avantage politique, comme cela a été fait dans d'autres périodes sombres de l'histoire", déclare le groupe dans un communiqué, appelant les médecins à refuser d'être employés pour dissimuler des actes de torture. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a estimé que la loi permettrait d'empêcher les Palestiniens détenus pour des infractions liées à la sécurité d'utiliser la grève de la faim comme un moyen de pression pour demander leur libération aux autorités israéliennes. Le ministre, qui s'exprimait sur Facebook, a souligné que les juridictions civiles auraient le dernier mot pour valider ou non un ordre d'alimentation forcée. En juin, Khader Adnan, un Palestinien membre du Djihad islamique, a suivi une grève de la faim pendant 56 jours, refusant toute alimentation solide et ne buvant que de l'eau pour protester contre sa détention sans procès. Khader Adnan, qui a été libéré le mois dernier, avait suivi une grève de la faim pendant 66 jours lors d'un précédent séjour en prison en 2012. Il avait mis fin à son mouvement quand les autorités israéliennes avaient promis de le libérer. Adnan était détenu en détention administrative, sans espoir de procès, une méthode revendiquée par Israël comme mesure de sécurité pour prévenir les actes de violence. (Ori Lewis; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)