Israël accusé par l’ONU de cibler ses casques bleus au Liban, nouveau tollé international

Photo d’illustration de soldats espagnols membres de la Finul au Liban.
- / AFP Photo d’illustration de soldats espagnols membres de la Finul au Liban.

INTERNATIONAL - Geste condamnable et condamné. Alors que l’ONU dispose de près de 10 000 soldats dans le sud du Liban, deux de ses casques bleus ont été blessés par « un char israélien » ce jeudi 10 octobre, selon un communiqué partagé par la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban.

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« Ce matin, deux casques bleus ont été blessés après qu’un char Merkava de l’armée israélienne a tiré sur une tour d’observation du QG de la Finul à Ras al-Naqoura, la touchant directement et provoquant la chute » des deux casques bleus d’origine indonésienne, indique la Finul, accusant au passage les troupes de Tsahal de tirer « de façon répétée » sur ses positions.

Les deux hommes sont « encore à l’hôpital » mais « leurs blessures ne sont pas graves », est-il également précisé dans ce document, qui condamne avec la plus grande fermeté cette action attribuée à l’armée israélienne.

Paris, Madrid, Rome et Dublin condamnent

Cette attaque contre la Finul, composée notamment de soldats français, italiens, espagnols et irlandais pour ce qui est des contributeurs européens, a provoqué des réactions outrées dans les chancelleries occidentales.

À commencer par l’Italie, qui a, par la voix de son ministre de la Défense Guido Crosetto, dénoncé les tirs du char israélien contre le QG de la Finul. « Ces incidents sont intolérables et doivent être soigneusement évités », a-t-il déclaré, selon un communiqué du ministère de la Défense, appelant à une « désescalade » et au « rétablissement du droit international ». Ce que demande d’ailleurs la Finul depuis le début de l’escalade entre l’armée israélienne et le Hezbollah.

Sans attendre, Guido Crosetto a convoqué l’ambassadeur d’Israël à Rome auprès duquel il a « fermement protesté » contre cet incident qui « n’est absolument pas admissible, en plus d’être en contradiction flagrante avec le droit international ». Par la suite, Rome a estimé que « les actions hostiles commises de manière répétée par les forces israéliennes contre la base de la Finul pourraient constituer des crimes de guerre ».

Sans aller jusqu’à convoquer l’ambassadeur israélien, le Quai d’Orsay a fait part de sa « forte préoccupation », soulignant que la France « attend des explications » après les tirs israéliens contre la Finul. « La protection des casques bleus est une obligation qui s’impose à toutes les parties à un conflit », ajoute le ministère des Affaires étrangères, qui appelle à nouveau à un « cessez-le-feu immédiat et durable au Liban ».

En Irlande, le Premier ministre Simon Harris a estimé que « tout tir à proximité des troupes ou des installations de la Finul est irresponsable et doit cesser ». Madrid a pour sa part dénoncer une « violation grave » du droit international.

Réunion à venir avec la France

Conséquence des tirs, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu et son homologue italien ont officiellement convoqué les pays européens contributeurs de la Finul. Une réunion aura lieu la semaine prochaine par visioconférence, à une date encore inconnue. De son côté, Washington a fait part de sa grande préoccupation concernant les tirs israéliens contre la force de l’ONU au Liban. Estimant qu’« Israël mène des opérations ciblées près de la Ligne bleue (qui sépare le Liban d’Israël) pour détruire les infrastructures du Hezbollah qui pourraient être utilisées pour menacer des citoyens israéliens ».

Il faut dire que la situation devient particulièrement inquiétante pour la sécurité des soldats des Nations unis. Dans le message évoquant l’attaque du jour sur deux casques bleus, la Finul listait plusieurs autres actions israéliennes condamnées avec force depuis plusieurs jours.

« Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l’ONU à Ras al-Naqoura, touchant l’entrée du bunker où des casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication », peut-on lire dans le communiqué onusien.

La veille, mercredi, « des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d’usage, et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n’éclate ». Dimanche, la Finul avait déjà dénoncé des opérations de l’armée israélienne près d’une de ses positions près du village frontalier de Maroun al-Ras, les jugeant « extrêmement dangereuses ».

Ce jeudi soir, l’armée israélienne a également « ordonné aux forces de l’ONU présentes dans la zone de rester dans les espaces protégés, après quoi les soldats ont ouvert le feu » près du QG de la Finul dans le sud du Liban.

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