Ismaïl Haniyeh : le Hamas annonce la mort de son chef en Iran, dans un « raid » attribué à Israël
IRAN - Il était le chef du bureau politique du Hamas. Ismaïl Haniyeh a été tué dans une frappe à Téhéran, ont annoncé ce mercredi 31 juillet le mouvement islamiste palestinien, en guerre contre Israël depuis plus de neuf mois dans la bande de Gaza, et les Gardiens de la Révolution en Iran.
« (Notre) frère, le dirigeant, le mujahid Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement, est mort dans un raid sioniste contre sa résidence à Téhéran après sa participation à l’investiture du nouveau président » iranien, a écrit le Hamas dans un communiqué.
Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique iranienne, ont annoncé pour leur part que « la résidence d’Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique de la résistance islamique du Hamas, a été touchée à Téhéran, et (...) lui et l’un de ses gardes du corps sont morts en martyrs », selon un communiqué sur leur site d’information Sepah.
Si les deux mouvements dénoncent la responsabilité d’Israël dans la mort d’Ismaïl Haniyeh, âgé de 62 ans, l’État hébreu n’a pas encore répondu à ces accusations, ni publié de déclarations à ce sujet. La mort du chef politique du Hamas soulève de lourdes questions sur l’avenir des négociations concernant la guerre à Gaza.
À Téhéran pour la prestation de serment du nouveau président
Ismaïl Haniyeh s’était rendu à Téhéran pour assister mardi à la prestation de serment du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian devant le Parlement.
Lors de son discours d’investiture mardi, Massoud Pezeshkian, un réformateur, a dénoncé les « crimes » d’Israël dans le territoire palestinien, tandis que des Iraniens présents à la cérémonie scandaient « Mort à Israël ! Mort à l’Amérique ! ». « Ceux qui fournissent les armes qui tuent les enfants à Gaza ne peuvent pas donner des leçons d’humanité et de tolérance aux autres », a-t-il déclaré en faisant référence aux États-Unis.
L’Iran, allié du Hamas, ne reconnaît pas l’État israélien et a fait du soutien à la cause palestinienne un élément central de sa politique étrangère depuis la Révolution islamique de 1979.
Un des plus hauts dirigeants du Hamas
Ismaïl Haniyeh a été l’un des plus hauts dirigeants du Hamas au cours des deux dernières décennies. Il s’était fait connaître aux yeux du monde en 2006 en devenant Premier ministre de l’Autorité palestinienne, après la victoire surprise de son mouvement aux législatives.
Après avoir pris la tête d’un gouvernement d’union, il s’était engagé à œuvrer à la création d’un État palestinien « en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem comme capitale », allant à contre-courant du discours officiel du Hamas qui, alors, ne reconnaissait pas ces frontières.
Mais c’est sous sa direction qu’a éclaté en 2007 la quasi-guerre civile entre le Hamas et l’Autorité palestinienne. Privé de sa victoire aux législatives, le mouvement islamiste a pris le pouvoir dans la bande de Gaza au prix d’affrontements meurtriers. Jusqu’en 2014, Ismaïl Haniyeh a continué d’occuper le poste de Premier ministre de l’Autorité palestinienne.
En 2017, il a été élu chef du bureau politique du Hamas, pour succéder à Khaled Mechaal. Depuis, le sexagénaire vivait en exil volontaire entre le Qatar et la Turquie. Il a été l’un des négociateurs des pourparlers en cours entre Israël et le Hamas, sous la médiation de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, pour mettre fin à la guerre à Gaza.
Il faisait également partie des dirigeants du Hamas visés par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis le mois de mai pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » en lien avec l’attaque du 7 octobre contre Israël.
À voir également sur Le HuffPost :