Islande : la probabilité d’une éruption du volcan Fagradalsfjall « reste élevée » et le pays retient son souffle
INTERNATIONAL - Attendre, c’est la seule chose que peuvent faire les 4 000 habitants de Grindavik en Islande où le volcan Fagradalsfjall est sur le point d’entrer en éruption. La ville, située à 40 km au sud-ouest de la capitale Reykjavik, a été évacuée dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 novembre et l’état d’urgence a été déclaré. Certains d’entre eux ont pu revenir lundi pour récupérer des affaires, mais cela fait maintenant une semaine que des centaines de tremblements de terre se multiplient, d’après l’Office météorologique d’Islande (OMI) qui estime que « la probabilité d’une éruption demeure élevée ».
Islande : À Grindavik, menacée par l’éruption du volcan Fagradalsfjall, la faille s’agrandit
Une fissure de plus de 15 kilomètres de long est apparue, éventrant la chaussée, provoquant des fissures sur les immeubles et celle-ci continue de s’élargir. D’autant plus que c’est n’est pas n’importe quelle fissure : c’est ce qu’on appelle un dyke, c’est par là que pourrait remonter le magma et c’est justement ce qui inquiète les autorités et les habitants.
L’islande est une île volcanique située entre deux plaques tectoniques : la plaque d’Amérique du Nord et la plaque Eurasie. Le pays a 33 systèmes volcaniques actifs, mais après 800 ans sans activité dans la péninsule de Reykjanes, les éruptions volcaniques se produisent désormais chaque année depuis 2021. Ce regain d’activité pourrait marquer l’entrée de la péninsule dans une nouvelle ère volcanique.
Si l’éruption semble imminente, les volcanologues ne savent pas encore quelle forme elle prendra et plusieurs scénarios sont donc envisagés, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article.
Une éruption au niveau de la fissure
« Il y a de fortes probabilités qu’une éruption ait lieu au niveau de cette fracture mais à différents endroits possibles », explique au HuffPost le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, également professeur à l’Université Paris-Saclay. L’OMI estime que le magma se trouve à 800 mètres de la surface, il pourrait donc remonter et sortir des entrailles de la Terre par ce dyke. Reste à savoir où exactement sur les 15 kilomètres de la fissure.
« Soit l’éruption a lieu au nord-est, ce serait donc une éruption qui n’est pas dangereuse car elle se produirait dans une zone qui n’est pas habitée », précise Jacques-Marie Bardintzeff. « Soit elle a lieu dans Grindavik, qui a heureusement été évacuée ». Cette éruption pourrait néanmoins toucher les habitations, voire ravager les habitations et aménagements de Grindavik sur son passage.
Une éruption spectaculaire… ou pas
L’autre possibilité est une éruption sous la mer, provoquant une éruption dite phréatomagmatique. « On croit que l’eau éteint le magma, mais au contraire l’eau se vaporise et active le magma. C’est comme une sorte de cocotte-minute, c’est très explosif, ça fait donc des projections importantes de cendres fines qui partent assez haut », détaille le volcanologue. « Ça a été vu en 1963 où une éruption a fait sortir l’île de Surtsey au sud de l’Islande et qui existe toujours aujourd’hui ».
Le dernier scenario possible est que le magma finit par ralentir et se solidifier. Ces dernières heures, l’activité sismique s’est calmée mais il est difficile de savoir ce que cela signifie. « Quand le magma est aussi proche, c’est très difficile d’obtenir des signaux pour nous indiquer s’il va y avoir une éruption ou pas. Par exemple, en 2021, il y avait eu une semaine d’accalmie avant l’éruption », raconte au HuffPost, Olivier Sigmarsson, chercheur du CNRS au Laboratoire Magmas et Volcans et qui est actuellement en Islande. Éruption volcanique ou pas, les scientifiques restent sur le qui-vive en Islande où tout pourrait se jouer dans les prochains jours.
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