Isabelle Adjani : «J’ai cherché à être libre et à respirer avant tout»

Sandra Fourqui / H&K

Dans le nouveau film de Nicolas Bedos, “Mascarade”, Isabelle Adjani joue une star aigrie. Un rôle à contre-emploi comme le prouve cette interview où la star se livre avec humour et simplicité.

Paris Match. Dans “Mascarade”, le film de Nicolas Bedos , vous incarnez une ex-grande star. Est-ce amusant de jouer dans une forme d’autodérision ?
Isabelle Adjani . Martha est une espèce de composite de la star de cinéma telle qu’elle existe depuis la création de Hollywood, drama queen à la fois tyrannique et insatisfaite. Celle qui a tout eu, mais qui a l’impression que sa vie n’a jamais été à la hauteur de ses désirs. Bref, le genre d’emmerdeuse pathétique dont l’autobiographie vous soûle à l’avance… Nicolas Bedos a brossé ce portrait avec toute l’acidité attendue. J’ai pu m’éclater dans des moments où la charge d’ironie dévolue à mon personnage devient l’objectif principal de mon jeu.

Lire aussi:Isabelle Adjani, son premier rendez-vous avec Match

Est-ce la palette des sentiments à exprimer, entre dureté totale et douceur enfantine, qui vous a attirée ?
Cette femme existe-t-elle encore en dépit de #MeToo ? J’espère que non. Elle existe dans l’imaginaire nostalgique cinéphile de Nicolas Bedos et dans le star-système d’une époque révolue, il me semble. Une époque où la cruauté machiste pouvait amener une vedette, telle Martine Carol, à se suicider à 46 ans parce qu’elle se trouvait trop vieille. Aujourd’hui, où un jeunisme désespéré bat son vide, peut-être les réseaux sociaux entretiennent-ils un peu de cette insistance décadente à voir le temps qui passe pour les actrices comme un puits sans fond dans lequel elles devraient se jeter ! La dureté presque cocasse de Martha exprime son impuissance à être comprise et aimée. Quand de la douceur surgit en elle, c’est l’aveu de son regret de ne pas avoir réussi à être heureuse alors que la célébrité, l’argent, l’amour étaient là.

"

Quand est-on vraiment soi ? Non pas(...)


Lire la suite sur Paris Match