Isabelle Adjani cultive son jardin secret

L’actrice-star est apparue mardi sur scène au musée Calvet. Elle évoque la discrétion qui règne autour de ses projets.

Bizarrement, au Festival d’Avignon, la fin arrive vite et s’étire lentement, presque dès la mi-parcours. Une conductrice de VTC témoigne : «C’est très calme. Je n’ai pas travaillé de la journée.» Des nuées de collègues, de programmateurs, plient bagage. Il reste cependant beaucoup de créations à découvrir dans le «in» comme dans le «off», mais c’est comme si les jeux étaient faits. Pourtant, dans cette ambiance de dernière ligne droite, comme par surprise, mardi soir, Isabelle Adjani, à pas de velours, faisait son entrée sur une scène d’Avignon comme actrice, presque par une porte dérobée.

Il s’agissait d’une lecture avec Micha Lescot dans le jardin du musée Calvet, parmi les grillons, sous les hauts platanes, dans le cadre des fictions et lectures de France Culture. Tous deux commencent par lire Ismène, de Yannis Ritsos. Ismène, bien moins connue et adulée que sa sœur Antigone. Deux acteurs, côte à côte donc, et une Ismène qui dit : «Je n’aurais pas aimé du tout être célèbre.» Et qui, maintenue au sol par la lourdeur de ses bracelets en or, plaint Antigone, son double inversé .

A maints moments, sa plaidoirie semble renvoyer à l’actrice et star elle-même. La lecture est d’autant plus émouvante qu’elle échappe à la perfection. Adjani, robe rouge et groseille vintage, est sans masque avec les seuls mots du texte, protégée par aucun décor, aucun personnage, c’est presque plus courageux. L’absence de prétention provoque l’adhésion et la sympathie. Les deux acteurs disparaissent.

Conciliabule derrière un paravent. Quand ils resurgissent, Adjani à peine changée, est assise sur un fauteuil. Ce sera la lecture de Roma, dialogue d’un film méconnu de Marguerite Duras, à propos d’une femme en exil, reine du désert et du silence, et de l’abandon d’un homme. Micha Lescot se tient un peu loin, élégant : «Le film commencerait ici avec la disparition de la lumière.» (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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