En Iran, le vent de révolte vise surtout la police des mœurs

A demonstrator raises his arms and makes the victory sign during a protest for Mahsa Amini, a woman who died after being arrested by the Islamic republic's

- / AFP

Une manifestation à Téhéran le 19 septembre 2022 après la mort de Mahsa Amini

IRAN - Depuis plusieurs jours la société iranienne est secouée par un nouveau vent de révolte. En cause, la mort d’une jeune fille de 22 ans, Mahsa Amini à la suite de son arrestation par la police des mœurs. Interpellée pour « port de vêtements inappropriés », elle est tombée dans le coma trois jours après son arrestation et est décédée à l’hôpital, le 16 septembre.

Les autorités ont beau eu rejeter des « accusations injustes » , assurant que la jeune femme était morte d’une insuffisance cardiaque et qu’il n’y avait eu aucun coup porté par la police, ce décès a déclenché une large vague de protestations : des manifestations spontanées et fortement réprimées, des magasins fermés aussi en signe de protestation, mais aussi des mouvements de contestations sur les réseaux sociaux. De nombreuses Iraniennes ont partagé des vidéos d’elles en train de se couper des mèches de cheveux. Une façon de pointer du doigt les justifications intolérables de la police des mœurs : Mahsa Amini a été arrêtée parce que son voile était mal mis.

Le régime autoritaire iranien fait régulièrement face depuis plusieurs années à des mouvements de contestation mais ces derniers concernent souvent plutôt des enjeux politiques ou liés à l’inflation. Le décès de Mahsa Amini vient lui galvaniser une (très) longue lignée de critiques envers la police des mœurs, la « Gashte Ershad », et ses interventions violentes.

Une unité au cœur des critiques

Cette unité de police est chargée de faire respecter le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, dont le port obligatoire du foulard en public. Elle leur interdit également de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés et des jeans troués ainsi que des tenues de couleurs vives, entre autres.

Dès ce lundi, c’est cette unité qui se trouvait au cœur des critiques des grands quotidiens relève l’AFP, qu’il s’agisse du journal réformateur Etemad pointant « la violence de la police des mœurs », ou du journal modéré Jomhouri Eslami mettant en garde contre la « fracture sociale » provoquée par le « comportement violent » des officiers de la police.

De fait, la mort d’Amini intervient après plusieurs scandales mettant en cause cette unité toute puissante. En avril dernier, un champion de boxe a passé une dizaine d’heures en salle d’opération après une altercation avec la police des mœurs. Cette dernière venait d’interpeller son épouse pour un voile mal mis. Il a reçu quatre balles, dans le dos, à l’estomac et à la jambe. En juillet dernier, encore, une vidéo montrant une mère suppliant des policiers prêts à emmener sa fille, malade, dans un van, toujours pour un voile mal mis, est devenue virale.

Rapport de force politique

La police des mœurs et plus largement les forces de police iraniennes sont sous la direction du Guide de la révolution, le plus haut responsable politique et religieux, actuellement Ali Khamenei. Le président n’a donc que peu de latitude. C’est ainsi qu’en 2016, quand la Gashte Ershad a été dotée de 7 000 policiers supplémentaires, le président modéré Hassan Rohani s’est retrouvé sans grand moyen d’action, alertant simplement sur l’importance de « respecter la dignité et la personnalité des personnes ». Cette année-là, des développeurs iraniens avaient même lancé une application permettant de traquer les forces de la Gasht-e Ershad. Elle a depuis été désactivée.

Le successeur de Rohani, élu en 2021 et proche de Khamenei, Ebrahim Raïssi a lui pris le chemin inverse. Depuis son arrivée au pouvoir, il a renforcé les règlements et lois sur le port du voile en Iran. Pas question en revanche de prendre un risque politique face aux puissantes contestations qui ont suivi la mort d’Amini et à leur nombreux relais par des cinéastes, artistes, personnalités sportives, politiques et religieuses…

Ebrahim Raïssi a non seulement demandé l’ouverture d’une enquête dans cette affaire mais il a aussi appelé le père de la jeune femme, indique le quotidien britannique The Guardian. « Votre fille est comme ma propre fille, et j’ai l’impression que cet incident est arrivé à l’un de mes proches. Veuillez accepter mes condoléances », aurait-il dit selon les médias d’État. Selon plusieurs publications iraniennes, le chef de la police des mœurs, aurait également été suspendu. Rien n’indique que cela tempère une colère qui gronde depuis des années : les protestations se multipliaient lundi soir, et notamment dans les universités de Téhéran. C’est de là qu’était parti en 2009 le plus puissant mouvement de contestation depuis la création de la République islamique, contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.

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