Iran: le président Pezeshkian prête serment devant le Parlement, deux mois après la mort de Raïssi
Le président réformateur iranien Massoud Pezeshkian a prêté serment ce mardi 30 juillet devant le Parlement en tant que neuvième président de la République islamique. Il succède à Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d'hélicoptère en mai.
"En tant que président, devant le Coran et le peuple iranien, je jure à Dieu tout-puissant d'être le gardien de la religion officielle, du système de la République islamique et de la constitution du pays", a déclaré le nouveau président, lors d'une cérémonie retransmise en direct par la télévision d'État.
Celle-ci s'est tenue deux jours après que le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a entériné l'élection de ce chirurgien de profession âgé de 69 ans.
Un mandat de quatre ans
Massoud Pezeshkian, qui débute un mandat de quatre ans, doit présenter dans les deux semaines à venir les membres de son cabinet au Parlement qui devrait leur accorder sa confiance.
Dès son installation, il a nommé le réformateur Mohammad Reza Aref comme son premier vice-président. Agé de 72 ans, Mohammad Reza Aref avait assuré les mêmes fonctions lors du second gouvernement du réformateur Mohammad Khatami de 2001 à 2005.
Élu le 5 juillet, Massoud Pezeshkian avait remporté le second tour de l'élection présidentielle contre l'ultraconservateur Saeed Jalili, avec 53,6% de voix contre 44,3%, sur environ 30 millions de suffrages exprimés.
Les élections iraniennes se sont déroulées dans un contexte de tensions régionales accrues, au moment où la République islamique, poids lourd du Moyen-Orient, est au coeur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre dans la bande de Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles elle s'oppose aux Occidentaux.
Des diplomates présents
Des diplomates de plusieurs pays ont assisté à la cérémonie devant le Parlement, dont l'Arménie, le Tadjikistan, l'Egypte, le Soudan, l'Irak, la Turquie, l'Arabie saoudite, l'Azerbaïdjan, Cuba et le Brésil. Le numéro deux de la diplomatie européenne, Enrique Mora, était également présent.
Des responsables de groupes alliés à l'Iran et ennemis d'Israël ont également fait le déplacement, parmi lesquels le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, celui du Jihad islamique, un allié du mouvement islamiste palestinien, Ziyad al-Nakhalah, le secrétaire général adjoint du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, et le porte-parole des rebelles houthis du Yémen, Mohammed Abdulsalam.
Ismaïl Haniyeh et Ziyad al-Nakhalah se sont entretenus mardi avec le guide suprême et avaient auparavant rencontré Massoud Pezeshkian séparément, dans un contexte de graves tensions dans la région Moyen-Orient liées à la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas.
Les "crimes" d'Israël dénoncés
Lors de son discours d'investiture, Massoud Pezeshkian a dénoncé les "crimes" d'Israël dans le territoire palestinien, tandis que des Iraniens présents à la cérémonie scandaient "Mort à Israël! Mort à l'Amérique!".
"Ceux qui fournissent les armes qui tuent les enfants à Gaza ne peuvent pas donner des leçons d'humanité et de tolérance aux autres", a-t-il déclaré en faisant référence aux Etats-Unis.
"Le soutien à la cause de la nation palestinienne opprimée se poursuivra avec force, et aucun facteur ne pourra perturber notre volonté dans ce sens", avait déjà affirmé lundi Massoud Pezeshkian dans un communiqué.
Au cours de la cérémonie de mardi, le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a dénoncé également les "crimes" d'Israël dans le territoire palestinien, où la guerre a été déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
Pezeshkian en faveur de "relations constructives" avec les États-Unis
Depuis son élection, le nouveau président iranien a réaffirmé son soutien à ce que l'Iran qualifie d'"'axe de la résistance" face à Israël, qui rassemble les alliés du Hamas, dont notamment le Hezbollah libanais et les Houthis.
Massoud Pezeshkian se dit toutefois en faveur de "relations constructives" avec les Etats-Unis, ennemi de Téhéran et allié d'Israël, et les pays européens pour sortir le pays de son "isolement".
Il a promis de négocier avec Washington pour relancer les pourparlers sur le nucléaire iranien, au point mort depuis le retrait américain en 2018 d'un accord international conclu en 2015.
Mais le président en Iran a des pouvoirs restreints: il est chargé d'appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, chef de l'État et ultime décideur sur les dossiers stratégiques.