En Iran, la mort d'une jeune femme de 20 ans aux cheveux libres et noués devient le nouveau symbole des manifestations

En Iran, la mort d'une jeune femme de 20 ans aux cheveux libres et noués devient le nouveau symbole des manifestations

Comme un ultime défi aux autorités religieuses et à l'obscurantisme. Dix jours après la mort de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans tuée par les forces de sécurité iraniennes pour un voile mal porté, une nouvelle jeune femme du nom de Hadis Najafi, âgée de seulement 20 ans, a également perdu la vie lors d'une manifestation organisée jeudi dernier dans la ville de Karaj, à une vingtaine de kilomètres de la capitale Téhéran.

Depuis cette annonce, diffusée par plusieurs médias et activistes mais qui n'a pas encore été confirmée par une agence de presse officielle, les dernières images vivantes d'Hadis Najafi ont été largement partagées sur les réseaux sociaux et sont devenues un symbole de lutte pour les milliers de manifestants à travers le pays, qui se mobilisent depuis la mort de Mahsa Amini.

Dans cette courte vidéo, la jeune femme, sans voile, s'attache les cheveux d'un air déterminé avant de se diriger vers la manifestation qui lui sera fatale quelques minutes plus tard.

Grande émotion

La mort d'Hadis Najafi a été annoncée sur Twitter par la journaliste et militante Masih Alinejad qui rapporte que la jeune femme "a reçu une balle dans la poitrine, le visage et le cou par les forces de sécurité de la République islamique." Cette dernière a également publié une vidéo des funérailles de la manifestante en présence de plusieurs membres de sa famille.

Sur Instagram, la soeur de la défunte a publié un déchirant message dans lequel elle s'adresse directement aux autorités de son pays.

"Vous, salauds, lui avez tiré une balle dans le cœur. Pourquoi lui avez-vous tiré une balle dans le cou, la main et le front? De combien de balles avez-vous eu besoin pour tuer une fille qui ne pesait que 40 kg?", accuse-t-elle.

Sur le même réseau social, l'ancien président de la République François Hollande se fait également le relais de cette disparition. "Soutien aux Iraniennes et Iraniens qui luttent avec courage, parfois jusqu’à la mort, pour défendre la liberté et la démocratie", a-t-il écrit.

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Une société divisée

Pour l'heure, dans un pays totalement verrouillé par les autorités religieuses, il est extrêmement difficile d'obtenir la confirmation officielle de la mort d'Hadis Najafi. D'une manière plus large, il est quasiment impossible d'obtenir un bilan clair des victimes de la répression policière depuis le début des manifestations.

L'Union européenne a jugé dimanche "injustifiable et inacceptable" l'usage "généralisé et disproportionné de la force" contre les manifestants qui aurait déjà fait 41 morts, voire bien plus selon certaines ONG dont Human Rights. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a également appelé Téhéran à "clarifier le nombre de morts et de personnes arrêtées, à libérer tous les manifestants non-violents".

De leur côté, les autorités iraniennes ne semblent absolument pas enclines à desserrer leur étau autour de la société. Dans un discours donné ce week-end, Mohammad Javad Haj Ali Abkari, ancien vice-président du pays, a même lancé une menace claire et funeste aux manifestants.

"Si vous n’arrêtez pas vos crimes éhontés, vous devez vous attendre à une réponse forte du système islamique qui jusqu’à présent, a fait preuve de patience", a-t-il prévenu.

Article original publié sur BFMTV.com