Iran-Israël : pourquoi la probable riposte de Téhéran contre l’État hébreu suscite autant d’inquiétudes
INTERNATIONAL - Comme une épée de Damoclès. Depuis l’assassinat du chef du Hamas le 31 juillet à Téhéran, la menace d’une violente riposte de l’Iran contre Israël se fait de plus en plus pressante. Et agite de nombreuses chancelleries qui y voient les prémices d’un embrasement à plus grande échelle du conflit israélo-palestinien au Moyen-Orient.
Ces dernières heures, plusieurs pays occidentaux, dont la France et les États-Unis, ont donc conjointement invité l’Iran à « renoncer à ses menaces d’attaque militaire contre Israël ». Une idée balayée presque immédiatement par l’Iran et son nouveau Président, Massoud Pezeshkian. Le pays et ses alliés menacent en effet de répondre par la force à l’assassinat de l’ancien leader du Hamas Ismaïl Haniyeh. Un acte attribué par l’Iran à Israël, et qui s’était déroulé au lendemain d’une frappe sur Beyrouth qui avait déjà conduit à la mort de Fouad Chokr, chef militaire du Hezbollah libanais pro-iranien.
Alors que les États-Unis ont dit craindre « une série d’attaques » qui pourrait intervenir dès « cette semaine », Le HuffPost fait le point sur les principaux facteurs d’inquiétudes liés à l’évolution de la situation ce mardi 13 août.
· L’Iran plus motivé que jamais
Si les inquiétudes sont si grandes, la posture de l’Iran n’y est pas étrangère. Depuis la mort de son président dans un accident d’hélicoptère, l’Iran a changé de chef d’État. À peine en place, Massoud Pezeshkian et le reste des responsables iraniens ont été confrontés à la mort d’Ismaïl Haniyeh sur le sol iranien. Un affront, vécu comme une atteinte directe à la réputation sécuritaire du pays, plaçant Massoud Pezeshkian dans une posture contrainte et forcée à la riposte.
De plus, les récentes déclarations des autorités iraniennes soulignent leur détermination « à défendre [leur] souveraineté » après cette attaque sans précédent. « L’Iran ne cédera jamais aux pressions, aux sanctions, et à la coercition », aurait déclaré le président iranien, cité par l’agence officielle Irna, après des échanges téléphoniques avec Londres et Berlin.
· Une riposte nébuleuse mais « conséquente »
Si Washington reste très vague sur la menace réelle qui pèse sur son allié israélien, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a fait état lundi soir d’une possible « série d’attaques conséquentes ».
La dernière avait eu lieu mi-avril, lorsque Téhéran avait lancé plus de 300 projectiles (drones, missiles balistiques et missiles de croisière), selon les chiffres israéliens, en direction du territoire hébreu. Ce qui avait été considéré comme une première forme de représailles contre Israël, accusé alors par l’Iran d’avoir délibérément frappé le consulat iranien de Damas, le 1er avril.
À l’époque, des sources iraniennes avaient indiqué à l’agence Reuters que les représailles iraniennes seraient d’une ampleur « contrôlée » et qu’elles seraient orchestrées de manière à éviter une escalade majeure dans la région. Mais après l’élimination du leader du Hamas, allié de Téhéran, Tel-Aviv et Washington craignent une réponse plus radicale. Les appels à la « vengeance » avaient d’ailleurs été nombreux lors des funérailles d’Ismaïl Haniyeh. Sans parler des déclarations belliqueuses du président iranien, du Hamas, de l’ayatollah Khamenei ou du Hezbollah.
· Des conséquences directes à Gaza
Une riposte iranienne aurait pour conséquence d’entraver les négociations en cours pour un cessez-le-feu à Gaza. Si ces pourparlers sont au point mort depuis de nombreuses semaines, la menace d’un embrasement du conflit a visiblement poussé les médiateurs à relancer le processus.
L’Égypte, le Qatar et les États-Unis ont appelé jeudi dernier à reprendre les discussions pour une trêve, combinée à la libération des otages. Une demande visiblement acceptée par Israël, tandis que le Hamas s’est montré moins clair sur la question, avant ce dimanche. Le mouvement islamiste palestinien a en effet demandé que le plan de Joe Biden (présenté comme émanant d’Israël) soit appliqué à la lettre, « plutôt que de mener plus de négociations ou d’amener de nouvelles propositions ».
Désormais, la menace de riposte laisse craindre que ce processus de paix ne voie jamais le jour. D’autant que ce nouveau dialogue pour un cessez-le-feu doit commencer jeudi.
· Présence américaine au Moyen Orient
Dernier facteur, et non des moindres, la présence militaire réaffirmée des États-Unis au Moyen-Orient. Comme le rapportait Euronews début août, les forces américaines ont renforcé leur présence militaire dans la région depuis la mort du leader du Hamas. Le New York Times rapportait lundi qu’en plus des avions de combat et navires de guerre lanceurs de missiles supplémentaires envoyés dans la région, Tel-Aviv et Washington se sont entendus pour l’arrivée du sous-marin lance-missile américain Georgia. Le porte-avions Abraham Lincoln, équipé d’avions de combat F-35, a également été pressé de rejoindre la région au plus vite.
Une stratégie mise en place pour décourager l’Iran et ses alliés d’attaquer Israël, mais qui laisse aussi craindre un conflit à très grande échelle en cas d’intervention américaine. Pour autant, cette stratégie de dissuasion doit surtout permettre de gagner du temps pour favoriser le dialogue de paix, l’un des seuls moyens envisagé par les États-Unis pour faire redescendre la tension.
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