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Iran: Europe, Chine et Russie discutent d'un nouvel accord

par Andrea Shalal

BERLIN (Reuters) - Des diplomates européens, chinois et russes discutent d'un nouvel accord visant à offrir une aide financière à l'Iran en contrepartie de restrictions au développement de son programme balistique et à ses activités dans la région, rapporte dimanche un journal allemand.

Une rencontre aura lieu la semaine prochaine à Vienne sous l'égide de Helga Schmid, secrétaire générale du Service européen pour l'action extérieure (SEAA), afin de discuter des prochaines étapes après le retrait des Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, explique Welt am Sonntag, citant de hauts représentants européens.

L'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine prendront part à cette réunion, mais pas les Etats-Unis. Il n'est pour l'heure pas certain que l'Iran, réfractaire par le passé à l'encadrement de son programme balistique, y participe.

Signé à Vienne en juillet 2015 par l'Iran, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine) et l'Allemagne, après 12 ans d'âpres négociations, le "Plan d'action global conjoint" (PAGC) encadre les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée progressive des sanctions économiques frappant Téhéran.

Donald Trump a annoncé le 8 mai le retrait des Etats-Unis de cet accord et l'application du plus haut niveau de sanctions contre la République islamique. Le président américain, qui l'a qualifié de "pire accord" jamais négocié par les Etats-Unis, lui reproche notamment de ne couvrir ni le programme balistique de Téhéran ni son rôle dans les conflits au Moyen-Orient.

Conclure un nouvel accord qui maintiendrait l'encadrement des activités nucléaires de Téhéran tout en limitant le développement de son programme balistique et son influence dans la région pourrait aider à convaincre Donald Trump de lever les sanctions contre l'Iran, écrit le Welt am Sonntag.

"Nous devons sortir de ce terme 'accord de Vienne sur le nucléaire' et y ajouter de nouveaux éléments. Seulement cela pourra convaincre le président Trump d'accepter de lever les sanctions contre l'Iran", a dit un haut diplomate européen cité par le journal.

Le commissaire européen à l'Energie s'est rendu ce week-end à Téhéran dans le but de rassurer l'Iran sur la volonté de l'UE de maintenir leurs échanges commerciaux.

Ne pas parvenir à préserver l'accord serait un désastre, ont répété notamment des représentants de l'UE et de l'Allemagne.

Avec le retour programmé de sanctions américaines étendues, les retombées économiques pour Téhéran de l'accord de 2015 sont menacées. De nombreuses firmes européennes ont déjà fait part de leur volonté de s'éloigner de l'Iran.

Le nouvel accord pourrait inclure une aide à l'Iran de plusieurs milliards de dollars, dit Welt am Sonntag, sur le modèle de l'aide apportée par l'UE à la Turquie pour l'accueil de réfugiés syriens sur son sol.

"Des garanties des avantages du PAGC doivent être fournies à l'Iran", a déclaré la semaine dernière le ministre iranien des Affaires étrangères. "Nous allons voir si ceux qui restent partie prenante du PAGC peuvent offrir ces avantages à l'Iran", a ajouté Mohammad Javad Zarif.

(Jean Terzian pour le service français)