Iran : après la mort de Mahsa Amini, les visages des manifestantes tuées s’affichent sur les réseaux sociaux

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Ghazaleh Chalabi, Hadis Najafi et Hananeh Kian font partie de la cinquantaine de victimes de la répression iranienne contre la « police des mœurs », ont rapporté les ONG.

INTERNATIONAL - Morts pour la liberté. Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé, ce dimanche 25 septembre, de ne faire preuve d’« aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants après neuf jours de contestation dans tout le pays pour protester contre la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs.

D’indulgence, il ne semblait pourtant pas y en avoir beaucoup en Iran pour les opposants puisque, selon le dernier bilan officiel iranien incluant manifestants et forces de l’ordre, 41 personnes ont été tuées en neuf jours de protestations. Mais le bilan est bien plus lourd, selon Iran Human Rights, ONG basée à Oslo, qui fait état d’au moins 54 manifestants tués.

Face à cette sauvage répression, la colère ne cesse de monter dans la rue, mais pas seulement. Sur les réseaux sociaux, les portraits de manifestants tués circulent, alors que le pays est progressivement débranché d’Internet par le régime. Une autre ONG, Human Right Activists News Agency (HRANA), les a recensés et appelle les internautes à lui transmettre tous les documents disponibles sur les victimes pour documenter leur mort et faire vivre leur souvenir et leur cause.

« Aidez-nous à collecter des informations plus précises sur les détenus et les morts des manifestations en Iran », écrit notamment l’organisation. HRANA dresse une liste précise des personnes décédées identifiées, la cause de leur mort et la ville où ils ont été tués. Ses membres ont également constitué une liste de morts non identifiés et de personnes arrêtées.

À travers le monde, les hommages se multiplient pour rendre hommage à ces victimes. Ici, la députée belge Darya Safai rend hommage à Ghazaleh Chalabi qui, selon HRANA a été tuée par balle à Amol à l’âge de 33 ans.

« Elle s’appelle Hananeh Kian. Elle avait 23 ans lorsqu’elle a été abattue hier [jeudi 22 septembre] à Noshahr, en Iran. L’une des dizaines de personnes a perdu la vie lors des récentes manifestations », relate pour sa part le journaliste Omid Memarian.

Parmi les nombreuses victimes de la répression du régime, la disparition d’Hadis Najafi a suscité beaucoup d’émotion. Elle avait été filmée en train de s’attacher les cheveux face aux forces de l’ordre lors d’une manifestation, sa vidéo devenant virale. Elle a malheureusement été tuée à Karaj, indique HRANA, touchée par six balles tirées par les forces de l’ordre, précise la journaliste iranienne Masih Alinejad.

Selon les informations d’une autre ONG, Iran Human Right, les restitutions de certains corps de manifestants sont « subordonnées » à des « enterrements secrets ».

Des nombreuses arrestations

Depuis le début des manifestations, de nombreuses arrestations ont également émaillé la vague de protestation. Plus de 700 personnes ont été interpellées dans une seule province du nord du pays, qui a communiqué sur les interpellations, mais sans doute beaucoup plus dans l’ensemble du pays. Le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a appelé à poursuivre en justice « les principaux auteurs et meneurs des émeutes ».

Les protestations ont été déclenchées le 16 septembre, le jour du décès de Mahsa Amini arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port inapproprié des vêtements » dans la République islamique où le code vestimentaire pour les femmes est strict. Les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu’en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués, entre autres.

Les connexions internet étaient toujours perturbées ce dimanche 2 septembre, avec le blocage de WhatsApp et Instagram. NetBlocks, un site basé à Londres qui observe les blocages d’internet à travers le monde, a également fait état de celui de Skype.

Les autorités nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini

Ces manifestations sont les plus importantes en Iran depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence, en pleine crise économique, qui avaient touché une centaine de villes en Iran et été sévèrement réprimées (230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International).

Elles sont marquées par des affrontements avec les forces de sécurité et par des slogans hostiles au pouvoir, selon médias et militants. Depuis plusieurs jours, des vidéos en ligne montrent des scènes de violence à Téhéran et dans d’autres grandes villes comme Tabriz (nord-ouest). Sur certaines, on voit les forces de sécurité tirer en direction des manifestants.

Les autorités nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini, 22 ans et originaire de la région du Kurdistan. Mais depuis, des Iraniens en colère descendent tous les jours à la tombée de la nuit dans la rue pour manifester.

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