Iran: Amnesty s'inquiète d'une nouvelle loi sur l'obligation du port du voile prévoyant la peine de mort

Ce vendredi 13 décembre, une nouvelle loi intitulée "Protection de la famille par la promotion de la culture de la chasteté et du hijab", devrait entrer en vigueur en Iran, marquant une nouvelle étape dans la violente répression qui vise les femmes du pays.

Outre des restrictions en matière d'éducation et d'emploi, le nouveau texte prévoit notamment la peine de mort, la flagellation et des lourdes peines de prison en cas du non-respect du port du voile, s'alarme l'ONG Amnesty International.

Depuis deux ans, les autorités iraniennes livrent un violent combat contre les Iraniennes qui défient les lois sur le port obligatoire du voile.

Amende, flagellation et peine de mort

Cette nouvelle loi, qui contient 74 articles, vise à sanctionner "la nudité, l’indécence, le dévoilement et la mauvaise tenue vestimentaire", indique Amnesty International. L'article 50 définit le dévoilement comme "le fait pour les femmes et les filles de ne pas couvrir leur tête avec un hijab, un tchador ou un foulard", explique l'ONG.

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La nouvelle loi stipule plus précisément que celles qui promeuvent ou propagent "la nudité, de l’indécence, du dévoilement ou de la mauvaise tenue vestimentaire" auprès d'entités étrangères, y compris les médias internationaux et les organisations de la société civile, pourraient être condamnés jusqu'à 10 ans de prison et à une amende pouvant atteindre jusqu'à 12.000 dollars (soit 15.000 euros).

Plus alarmant, celles dont la conduite est considérée par les autorités comme constituant une "corruption sur terre", pourraient être condamnées à mort en vertu de l’article 286 du Code pénal islamique.

Selon Amnesty International, cette disposition légale signifierait que les femmes et les jeunes filles envoyant des vidéos d'elles-mêmes non voilées à des médias en dehors de l'Iran ou "s'engageant de toute autre manière dans un activisme pacifique" pourraient être condamnées à la peine de mort.

Pour asseoir sa répression, les autorités iraniennes offrent en retour l'immunité à tout citoyen souhaitant accomplir son "devoir religieux" et imposer le port obligatoire du voile aux femmes. A contrario, toute personne intervenant ou tentant de mettre un terme à l’arrestation ou au harcèlement de femmes et de filles défiant le port obligatoire du voile pourrait elle-même être emprisonnée ou condamnée à une amende en vertu de l’article 60 de la nouvelle loi.

Une loi "honteuse"

Cette répression légalisée intervient deux ans après la mort en détention de Jina Mahsa Amini, arrêtée en septembre 2022 par la police des moeurs de Téhéran pour port non conforme de voile. La mort de la jeune Kurde avait déclenché un mouvement de protestation de grande ampleur dans le pays, et au-delà, derrière le slogan "Femme, vie, liberté".

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"Cette loi honteuse intensifie la persécution des femmes et des filles qui osent défendre leurs droits après le soulèvement 'Woman Life Freedom'", a déclaré Diana Eltahawy, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient.

"Les autorités cherchent à renforcer le système de répression déjà étouffant contre les femmes et les filles tout en rendant leur vie quotidienne encore plus insupportable", poursuit-elle.

Elle appelle la communauté internationale à "ne pas rester les bras croisés" et à utiliser "son influence pour faire pression" sur les autorités iraniennes afin de faire retirer la loi et d'abolir le port obligatoire du voile en Iran.

Article original publié sur BFMTV.com