Irak: La liste de Moktada al Sadr remporte les législatives

La liste du prédicateur Moktada al Sadr (photo), l'un des rares dirigeants chiites irakiens à avoir pris ses distances avec l'Iran, a remporté les élections législatives au niveau national en Irak, a annoncé samedi la commission électorale. /Photo prise le 18 mai 2018/REUTERS/Alaa al-Marjani

BAGDAD (Reuters) - La liste du prédicateur Moktada al Sadr, l'un des rares dirigeants chiites irakiens à avoir pris ses distances avec l'Iran, a remporté les élections législatives au niveau national en Irak, a annoncé samedi la commission électorale.

Moktada al Sadr a fait alliance avec les communistes et d'autres organisations laïques qui ont participé aux manifestations qu'il avait organisées en 2016 pour protester contre la corruption. Il s'est déclaré fermement opposé à toute ingérence étrangère en Irak.

Il ne pourra pas devenir Premier ministre, puisqu'il ne s'était pas présenté à l'élection, mais cette victoire, inattendue, lui assure un rôle important dans les discussions pour choisir le Premier ministre et former le nouveau gouvernement. Ces discussions pourraient durer plusieurs mois.

L'alliance menée par Sadr a obtenu 54 sièges au Parlement. La liste d'Hadi al Amiri, un chef de milice chiite soutenu par Téhéran, est arrivée en deuxième position et a obtenu 47 sièges. La formation du Premier ministre sortant Haïdar al Abadi n'est arrivée qu'à la troisième place avec 42 sièges.

"La réforme est victorieuse et la corruption diminue", a déclaré Sadr sur Twitter peu après l'annonce des résultats officiels.

Deux sources proches du processus politique en cours ont annoncé mercredi que le général iranien Qassem Soleimani, commandant des opérations extérieures du corps des gardiens de la Révolution, se trouvait à Bagdad pour des discussions sur la formation du futur gouvernement.

L'objectif de Soleimani, qui dirige la force Al Qods, est de favoriser l'émergence à Bagdad d'un gouvernement qui aurait l'approbation de Téhéran, ont ajouté ces deux sources, dont l'une sert d'intermédiaire entre Sadr et d'autres responsables politiques irakiens.

Avant les élections, les premières depuis la défaite militaire des djihadistes sunnites du groupe Etat islamique (EI), l'Iran avait indiqué qu'il ne permettrait pas que l'alliance de Sadr puisse gouverner.

Sadr avait de son côté clairement dit qu'il n'était pas enclin à passer un compromis avec Hadi al Amiri ou Nouri al Maliki, ex-Premier ministre et autre figure de la communauté chiite, la communauté majoritaire en Irak.

Malgré son recul électoral, le Premier ministre sortant Haïdar al Abadi pourrait encore apparaître comme un candidat de compromis acceptable par tous les partis, pour la manière dont il a habilement géré les intérêts rivaux des Etats-Unis et de l'Iran - alliés malgré eux dans la guerre contre le groupe Etat islamique- durant son mandat.

Depuis le renversement de Saddam Hussein, en 2003, le poste de Premier ministre est dévolu à un chiite, la présidence du Parlement revient à un sunnite et la présidence, poste largement protocolaire, est réservé à la communauté kurde. Tous trois sont désignés par les parlementaires.

(Michael Georgy et Raya Jalabi, Henri-Pierre André et Jean Terzian pour le service français)