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Intesa Sanpaolo envisage une offre sur Generali

par Paola Arosio et Gianluca Semeraro

MILAN (Reuters) - Le groupe italien de banque et d'assurance Intesa Sanpaolo envisage une offre d'achat sur le premier assureur du pays, Assicurazioni Generali, a-t-on appris mardi de sources proches du dossier.

Le projet, s'il se concrétisait constituerait l'une des plus grosses opérations jamais lancée dans le secteur en Europe, ce qui impliquerait d'importantes incertitudes tant du point de vue de la concurrence que des implications politiques.

Intesa projette une offre par échange de titres sur la majorité du capital de Generali, dont la capitalisation boursière avoisine 22 milliards d'euros, ont dit les sources. Intesa, qui pèse près de deux fois plus, a le soutien d'au moins deux de ses principaux actionnaires.

Generali est redevenu une cible potentielle après un changement de dirigeant l'an dernier et des signes d'instabilité de son tour de table. Parmi les autres prétendants potentiels à un rachat dont les noms ont été cités ces derniers mois figurent le français Axa et l'allemand Allianz.

Le nouvel administrateur délégué du groupe italien, Philippe Donnet, est un ancien d'Axa.

Intesa, Generali, Allianz et Axa ont refusé de commenter ces informations.

En Bourse, le titre Generali gagnait 10,46% à 15,74 euros vers 13h40 GMT, la plus forte hausse de l'indice européen Stoxx 600, tandis qu'Intesa Sanpaolo perdait 4,67%.

MANOEUVRE DÉFENSIVE DE GENERALI

Intesa souhaite prendre le contrôle de Generali pour réorganiser son portefeuille d'activités et céder certaines filiales étrangères, a précisé l'une des sources. Intesa étant déjà plus gros que Generali sur le seul segment de l'assurance vie, une offre éventuelle serait étudiée de près par les autorités de la concurrence.

Les sources ont déclaré que les deux principales fondations actionnaires d'Intesa, Compagnia di San Paolo et Fondazione Cariplo, appuyaient le projet même si celui-ci est susceptible de se traduire pour les actionnaires actuels par une diminution temporaire des dividendes.

La réglementation italienne en matière de participations croisées prévoit qu'Intesa devrait lancer une offre sur au moins 60% du capital de Generali.

Lundi, ce dernier a annoncé détenir 3,01% des droits de vote de la banque, une montée perçue comme une manoeuvre défensive contre une éventuelle offre hostile et qui prive de fait Intesa de l'option d'une simple prise de participation minoritaire.

Le quotidien La Repubblica a le premier rapporté mardi qu'Intesa, dont le conseil d'administration doit se réunir vendredi, envisageait une offre par échange de titres sur Generali.

L'assureur, qui affichait 472 milliards d'euros d'actifs fin 2016, n'a donné aucune explication sur son investissement soudain dans Intesa, réalisé via un emprunt de titres.

POUR ROME, GENERALI EST UN ACTIF STRATÉGIQUE

"Le choix d'acquérir une participation d'un peu plus de 3% du capital en action d'Intesa Sanpaolo présente un caractère défensif évident", a commenté Luca Comi, analyste du courtier ICBPI.

Les spéculations sur l'avenir de Generali ont été entretenues entre autres ces derniers mois par le projet de son premier actionnaire, la banque d'affaires Mediobanca, de réduire sa participation, actuellement de 13%, dans le cadre d'un plan global de renforcement de son bilan.

L'incertitude politique en Italie a aussi une influence sur le dossier, certains observateurs jugeant qu'un gouvernement affaibli serait moins bien armé pour défendre Generali contre une OPA étrangère.

Generali détient pour 70 milliards d'euros d'obligations d'Etat italiennes et est considéré par Rome comme un actif stratégique.

"Notre pays ne pourrait tolérer la perte de Generali, notamment si l'on prend en compte les actifs sous gestion. Cela créerait un concurrent trop fort pour Intesa", a déclaré l'une des sources à Reuters. "Uni, le groupe serait formidable d'un point de vue industriel."

Le journal La Stampa a écrit qu'Intesa pourrait chercher à acquérir une participation importante dans Generali dans le cadre d'un accord plus vaste avec Allianz.

"Notre impression est qu'Intesa Sanpaolo n'aurait acquis une participation importante dans Generali que pour empêcher un rachat par ou une fusion avec Axa", expliquent les analystes de Mediobanca Securities. "Dans le cas d'une offre de l'assureur français, nous n'excluons pas une contre-offre, qui pourrait venir d'Allianz."

A la Bourse de Paris, le titre Axa perdait 1,18% et à Francfort, Allianz abandonnait 0,89%. Au même moment, l'indice Stoxx européen de l'assurance gagnait 0,45%.

(avec Valentina Za et Maria Pia Quaglia; Patrick Vignal et Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)