Publicité

Intesa entretient le suspense sur le dossier Generali

par Silvia Aloisi et Gianluca Semeraro

MILAN (Reuters) - Intesa Sanpaolo a dit vendredi qu'elle examinait toujours la possibilité d'un rapprochement avec Generali et prendrait tout le temps nécessaire pour se décider.

L'administrateur délégué Carlo Messina a dit à des analystes, lors d'une conférence téléphonique, que la banque ne sacrifierait ni la solidité de ses fonds propres ni la distribution de 3,4 milliards de dividendes prévue sur ses comptes de 2017 pour réaliser cette opération.

"Nous cherchons toujours à déterminer si un éventuel rapprochement industriel impliquant Assicurazioni Generali peut être compatible avec les priorités stratégiques inscrites dans notre plan" a-t-il dit.

"Cette démarche prendra tout le temps nécessaire afin que nous puissions réaliser une évaluation exhaustive et solide", a-t-il ajouté à l'issue d'une réunion du conseil d'administration de la banque.

La groupe de banque et d'assurance avait auparavant déclaré dans un communiqué qu'un éventuel rapprochement avec Generali n'était qu'une "hypothèse de travail", entretenant ainsi le flou sur la possibilité d'une offre d'achat.

La semaine dernière, Intesa, première banque d'Italie par l'actif, avait déclaré envisager des "combinaisons sectorielles" avec Generali, après des informations évoquant la possibilité d'une offre publique d'achat payable en actions.

Jeudi, l'action Generali a nettement monté, portée par de nouvelles rumeurs de marché selon lesquelles une offre était en préparation, un trader déclarant qu'Intesa préparait une offre en numéraire et en actions valorisant Generali à 17 euros par titre, ce qu'a démenti un porte-parole de la banque.

Dans le communiqué publié vendredi, la banque précise que les éventuels rapprochements avec Generali restent une "hypothèse de travail" dans le cadre de l'analyse des opportunités de croissance "à la fois internes et externes" à laquelle elle procède régulièrement.

Des gérants estiment que cette déclaration ne permet pas de savoir si Intesa recule ou cherche simplement à gagner du temps.

"La situation est incroyablement floue mais il me semble que les choses traînent en longueur, ce qui pourrait rendre Generali plus vulnérable à une OPA étrangère", a déclaré Roberto Lottici, gérant d'Ifigest, qui détient des participations dans Intesa comme dans Generali.

Les changements au sein de la direction de l'assureur et le contexte politique à Rome ont favorisé ces derniers mois les spéculations sur la possibilité d'un rachat de Generali par un acteur étranger du secteur, certains médias citant les noms du français Axa, de l'allemand Allianz et du suisse Zurich Insurance Group.

EN BOURSE, GENERALI BAISSE ET INTESA MONTE

Generali, dont le premier actionnaire est l'influente banque d'affaires Mediobanca, est considéré comme un actif stratégique par les autorités italiennes.

Une source proche de Generali a déclaré qu'il semblait de plus en plus probable qu'Intesa jette le gant.

"Le projet d'Intesa est trop faible du point de vue du marché et une vente à la découpe de Generali serait anti-italienne", a dit cette source, ajoutant qu'Allianz et Axa n'étaient pas intéressés par une reprise de certains actifs de Generali pour venir en aide à Intesa.

A la Bourse de Milan, l'action Generali a terminé vendredi sur une note stable, en hausse de 0,27% à 14,98 euros, tandis qu'Intesa a gagné 2,66% à 2,238 euros.

RÉSULTATS UN PEU DÉCEVANT

Intesa Sanpaolo a publié ses résultats annuels préliminaires du quatrième trimestre 2016 après son conseil d'administration.

Le groupe de banque et d'assurance a annoncé un bénéfice net de 776 millions d'euros, légèrement inférieur aux attentes, affecté par sa contribution à un fonds de sauvetage mis en place pour venir en aide aux banques italiennes en difficulté.

Les analystes interrogés par Reuters attendaient en moyenne un bénéfice net de 801 millions d'euros.

Intesa a précisé que son ratio de solvabilité CET1, mesure clé de la solidité financière, était à 12,9% fin décembre.

La banque a par ailleurs confirmé son engagement de verser 10 milliards d'euros de dividendes sur la période 2014-2017, ce qui signifie que son dividende de 2017 sera plus faible que prévu.

Intesa a déjà versé 3,6 milliards de dividendes sur ses bénéfices 2014 et 2015 et a annoncé vendredi qu'elle verserait trois milliards sur 2016, ce qui laisse 3,4 milliards d'euros au titre des résultats 2017 - moins que les quatre milliards avancés par l'administrateur délégué Carlo Messina en novembre.

Le président du Conseil Paolo Gzentolini a déclaré vendredi que le gouvernement suivait l'affaire mais qu'il "ne s'en mêlerait pas".

(avec Silvia Aloisi, Danilo Masoni et Pamela Barbaglia; Marc Angrand et Juliette Rouillon pour le service français)