INTERVIEW. "Le scanner permet de détecter des indices invisibles à l'autopsie"
Fabrice Dedouit est un pionnier de la virtopsie, ou autopsie virtuelle, depuis 2002. Le congrès mondial d'imagerie médico-légale qu'il organise en mai 2023, à Toulouse, réunira des radiologues, des médecins légistes et des archéologues du monde entier.
Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°211 daté octobre/ décembre 2022.
Fabrice Dedouit est radiologue et médecin légiste, président de la Société internationale de radiologie et d'imagerie forensiques (ISFRI).
Sciences et Avenir - Les Indispensables : Comment se déroule une virtopsie ?
Fabrice Dedouit : La virtopsie est une pratique qui repose beaucoup sur la communication et la collaboration entre les services de médecine légale et de radiologie. Généralement, elle se déroule avant l'autopsie traditionnelle, et la démarche est assez rapide. On utilise le scanner d'un service de radiologie pour former une image du cadavre en coupes d'une résolution inframillimétrique.
L'acquisition peut se faire éventuellement avec un produit de contraste, lequel permet de mieux voir les vaisseaux sanguins. Cet acte technique est suivi d'un travail de reconstruction et d'interprétation, un acte intellectuel qui prend plus de temps.
Quelles sont les informations qu'une virtopsie permet d'obtenir plus rapidement ou de rendre plus accessibles qu'une autopsie traditionnelle ?
La virtopsie ne remplacera pas les autopsies classiques, mais en est complémentaire. C'est un outil de plus pour atteindre la vérité judiciaire : déterminer si une personne a été assassinée et, le cas échéant, comment. Le scanner permet de détecter des indices qu'on ne peut pas voir, ou difficilement, par l'approche classique, comme la présence de gaz dans différentes parties du corps : les épanchements gazeux dans les vaisseaux, une embolie gazeuse qui indiquerait un accident de plongée, une pneumencéphalie (présence d'air dans la boîte crânienne)… On peut aussi étudier des traumatismes internes et externes causés par une arme à feu, blanche ou contondante, ceux issus d'asphyxie par noyade, de strangulation, et même reconstituer la trajectoire d'une balle.
Et dans le cas de cadavres en état avancé de putréfaction pour lesquels la dissection livrera des résultats très pauvres, [...]
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