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INTERVIEW. "L'efficacité du cerveau humain reste inégalée"

Notre cerveau a un super-pouvoir, celui d’apprendre pour s’adapter en permanence à l’environnement. Pour le chercheur en neurosciences Stanislas Dehaene, il est fondamental de mieux comprendre la biologie de cette capacité pour la renforcer.

Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir - La Recherche n°896 daté octobre 2021.

La science peut aider à apprendre ! Telle est l'excellente nouvelle qu'apporte Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France et président du Conseil scientifique de l'Éducation nationale. Il est aussi la figure de proue française d'un mouvement international, nommé "éducation fondée sur des données probantes" (en anglais evidence-based education) qui évalue par des méthodes expérimentales rigoureuses les effets de différentes pratiques pédagogiques. Fort de trente ans d'études et d'expériences, notamment dans l'Unité de neurosciences cognitives qu'il dirige au centre Neurospin (CEA, Saclay), il livre à Sciences et Avenir les clés de l'apprentissage. Des clés qui, lorsqu'on les utilise, permettent au cerveau humain de mieux apprendre à apprendre.

Sciences et Avenir : Alors que les progrès du machine learning (apprentissage de la machine) sont époustouflants, qui, du cerveau humain ou de la machine, apprend le mieux ?

Stanislas Dehaene : À l'heure actuelle, l'efficacité du cerveau humain reste inégalée dans le domaine de l'apprentissage. Tout d'abord parce qu'il a une capacité unique d'abstraction. Alors que la machine n'analyse la présence d'un objet que sur des éléments anecdotiques de l'image (couleur, forme), l'humain reconnaît l'essence même d'un objet par sa capacité de raisonnement et d'abstraction. Il distingue une chaise par exemple même si elle n'est qu'un seul pied de métal plié. Et il en va ainsi du concept de tous les objets, animaux etc. De plus, le cerveau humain est incroyablement rapide pour apprendre. Une publication montre que l'intelligence artificielle (IA) de l'entreprise britannique DeepMind a dû accumuler 900 heures de jeu sur une console Atari pour atteindre un niveau qu'un être humain a atteint en deux heures ! Ou encore, selon une étude du linguiste Emmanuel Dupoux, directeur d'étude à l'École [...]

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