INTERVIEW. ChatGPT, un nouvel outil pour la fraude scientifique ?

Le générateur de texte créé par OpenAI est de plus en plus utilisé pour "aider" à l’écriture d’articles scientifiques, comme le révèle le chercheur Guillaume Cabanac. Une utilisation qui pourrait faciliter la fraude scientifique et rendre encore plus difficile de détecter les faux articles.

La fraude scientifique a toujours été un fléau difficile à éradiquer. Mais certains chercheurs s’obstinent à la combattre. Tel est le cas du chercheur de l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse, Guillaume Cabanac. Il avait déjà été reconnu en 2021 par la revue scientifique Nature pour sa croisade contre les faux articles scientifiques. Maintenant, il s’attaque à une nouvelle forme de fraude scientifique : l’utilisation des IA, notamment de ChatGPT, dans la fabrication d’articles scientifiques. Mettant en évidence des chercheurs qui ont utilisé ce générateur de texte (sans déclarer cette utilisation), potentiellement dans le but de fabriquer le contenu de leurs articles. Pour en savoir davantage sur cette nouvelle pratique questionnable qui pourrait rendre la fraude scientifique plus difficile à détecter, Sciences et Avenir a interrogé ce lanceur d’alerte.

Ne pas vicier le "mur des connaissances"

Sciences et Avenir : pourquoi avez-vous décidé de rechercher les articles qui utilisent ChatGPT sans le déclarer ?

Guillaume Cabanac : Je pense qu’il est crucial en science de garantir que les travaux publiés soient fiables. On peut le résumer par la métaphore du mur des connaissances. L’article scientifique est une brique qui doit être la plus robuste possible. Par la suite, la communauté scientifique empile les briques pour créer le mur des connaissances. Lorsque certaines briques ne sont pas fiables, voire carrément friables, le mur risque de s’effondrer.

Il me paraît essentiel que chaque scientifique, chaque chercheur, questionne les savoirs accumulés ainsi et signale toute erreur identifiée. Si je trouve une erreur dans un article et que je le garde pour moi, que j’en parle au café, cette nouvelle connaissance va impacter ma salle de café, c’est tout. Et là, je parle de la science qui fonctionne correctement, mais il y a aussi des gens malintentionnés qui fabriquent des articles creux voire bidons pour publier beaucoup et avoir un CV bien rempli.

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