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La police de Manchester évoque des progrès "importants"

La police britannique a annoncé jeudi avoir procédé à des "arrestations importantes" et mis la main sur des éléments significatifs au troisième jour de l'enquête sur l'attentat suicide de Manchester, qui a fait 22 morts lundi à la sortie d'un concert à Manchester. /Photo prise le 25 mai 2017/REUTERS/Neil Hall

par Kate Holton et Andy Bruce MANCHESTER, Angleterre (Reuters) - La police britannique a annoncé jeudi avoir procédé à des "arrestations importantes" et mis la main sur des éléments significatifs au troisième jour de l'enquête sur l'attentat suicide de Manchester, qui a fait 22 morts lundi à la sortie d'un concert à Manchester. Depuis l'attaque à la Manchester Arena, huit suspects ont été placés en détention par la police du Grand Manchester. Une femme a été relâchée jeudi sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle. Le père et un des frères de Salman Abedi, le kamikaze présumé d'origine libyenne né en 1994 à Manchester, ont parallèlement été arrêtés en Libye. Ramadan, le père, ancien membre du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), s'était réfugié au Royaume-Uni au début des années 1990. Il est retourné en Libye après la mort de Mouammar Kadhafi en 2011. Hachem, le frère, est soupçonné d'être lié au groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l'attentat. Les enquêteurs pensent que Salman Abedi était récemment rentré d'un séjour en Libye. "Je veux rassurer la population et dire que les arrestations auxquelles nous avons procédé sont importantes, et que les premières perquisitions de bâtiments ont révélé des éléments que nous pensons être très importants pour l'enquête", a dit le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins. "Il faudra plusieurs jours pour mener à bien ces perquisitions", a ajouté le Chief Constable, lors d'un point de presse jeudi à la mi-journée. D'après la chaîne de télévision américaine ABC et le quotidien The Independent, des explosifs ont été découverts au cours d'une de ces opérations. Les enquêteurs ont acquis la certitude que Salman Abedi a bénéficié du soutien d'un réseau plus large. Après avoir douté qu'il ait pu lui-même assembler la bombe utilisée lundi soir à la sortie du concert de la pop star américaine Ariana Grande, les enquêteurs pensent désormais qu'il a pu la fabriquer seul, dit-on de source proche de l'enquête. Mais la recherche de ses éventuels complices se poursuit, ajoute-t-on de même source. LONDRES EFFARÉ PAR LES FUITES Alors que le Royaume-Uni a été placé en état d'alerte "critique", le plus haut degré de vigilance impliquant qu'une nouvelle attaque est jugée "imminente", des soldats et des policiers, dont une équipe de démineurs, sont intervenus jeudi matin dans le quartier de Hulme, une banlieue de Manchester, après la découverte d'un colis suspect. Après vérification, il s'agissait d'une fausse alerte. Parallèlement, la direction des services de santé a révisé le bilan de l'attaque. En plus des 22 décès, dont une fillette de huit ans et plusieurs adolescentes âgées de 14 à 18 ans, l'explosion a fait 116 blessés, dont 75 ont dû être hospitalisés dans huit établissements de la région. Jeudi matin, 23 d'entre eux étaient toujours en unités de soins intensifs. La reine Elizabeth s'est rendue auprès de certains d'entre eux soignés au Royal Manchester Children's Hospital. Une minute de silence a été observée à 11h00 (10h00 GMT) dans le pays en mémoire des victimes de la plus meurtrière attaque commise sur le sol britannique depuis les attentats coordonnés de juillet 2005 contre les transports publics de Londres qui ont fait 52 morts. Manchester United et Manchester City, les deux clubs de football, ont mis de côté leur rivalité légendaire pour verser un million de livres (1,15 million d'euros) à un fonds de soutien aux victimes et à leurs familles. Sur un plan diplomatique, le gouvernement britannique et les chefs des services de sécurité se sont dits effarés par l'ampleur des fuites obtenues auprès des services de renseignement américains sur les progrès de l'enquête. Reuters a appris jeudi auprès des services britanniques de l'antiterrorisme que la police britannique avait suspendu le partage d'informations avec les Etats-Unis. Cette mesure est hors du commun, étant donné les liens qui existent entre les communautés britannique et américaine du renseignement. "Je dirai clairement au président (Donald) Trump que les renseignements partagés entre nos agences doivent rester confidentiels", a déclaré jeudi dans une allocution télévisée la Première ministre Theresa May, qui en aura l'occasion dans la journée à Bruxelles, où les deux dirigeants participent au sommet de l'Otan. (avec Michael Holden à Manchester, Alistair Smout, Estelle Shirbon et Kylie McLellan à Londres et Hani Amara et Ahmed Elumami à Tripoli, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)