Interdiction de la publicité pour le livre de Bardella dans les gares: Fayard attaque Médiatransports en justice
La maison d'édition Fayard attaque la régie publicitaire de la SNCF en justice ce 8 novembre. Elle avait négocié avec MediaTransports la réservation de 581 panneaux publicitaires dans des gares pour promouvoir le livre de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national qui sort ce samedi 9 novembre.
Mais après avoir été interpellée par des syndicats le 17 octobre dernier, la régie publicitaire de l'entreprise publique avait décidé le 28 octobre dernier de ne finalement pas la diffuser dans les gares.
"Une grave atteinte à la liberté d'expression"
Un vrai coup dur pour Fayard, possédé par Hachette livre, détenue par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré qui avait négocié un plan de communication d'ampleur avec la réservation de 581 panneaux dans une centaine de gares partout en France.
"Cette soumission à la pression des syndicats est parfaitement intolérable d’autant plus que la couverture du livre de M. Bardella, support de cette campagne de communication, ne comporte aucune prise de position politique", s'insurge Fayard dans un communiqué de presse publié sur le réseau social X.
"Cela constitue une atteinte grave à la liberté d’expression", juge encore l'éditeur.
Une affiche qui contrevient aux "principes de neutralité" de la SNCF
Cette campagne publicitaire d'ampleur avait été vivement critiquée par des syndicats de cheminot. La CGT avait dénoncé "une provocation" tandis que Sud Rail avait martelé son "opposition totale" au RN.
Jordan Bardella s'était insurgé de la situation, avant d'hausser encore le ton, une fois que la société de transports avait décidé de ne plus participer à cette campagne. Il avait alors accusé l'entreprise de transports de "céder aux intimidations d'une minorités d'activistes radicalisés".
En guise de justification, la régie publicitaire de la SNCF a précisé que le visuel de l'affiche contrevenait "aux principes de neutralité" propres à la régie publicitaire.
Des précédents d'annulation mais pas pour des politiques
En janvier dernier, l'affiche du spectacle de l'humoriste Waly Dia avait été interdite par la RATP et la SNCF en raison de son "caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s'impose dans les transports publics" et qui "pourrait être considérée comme diffamatoire ou injurieuse".
Même topo pour le chanteur Bilal Hassani en décembre 2021. La une de Têtu, qui représentait l'artiste dans une pose d'inspiration religieuse, n'avait pas été diffusée en raison de son caractère "confessionnel".
La SNCF n'a cependant pas pour habitude d'annuler des campagnes de publicité liées à des livres de figures politiques. Bruno Le Maire, alors en poste à Bercy, et Élisabeth Borne qui vient de sortir 20 mois à Matignon ont par exemple tous les deux bénéficié de panneaux publicitaires à la SNCF. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy avaient également vu leurs ouvrages en bonne place dans les gares.
Autant d'arguments pour pousser Hachette livre à "saisir le tribunal de commerce de Paris" pour tenter de "contraindre la régie à exécuter son contrat de diffusion", s'offrant au passage un beau coup de publicité. La décision de Médiatransports est en effet connue depuis plus d'une quinzaine de jours tandis que la maison d'édition attend la veille de la sortie du livre de Jordan Bardella pour saisir la justice.