“Interdiction de parler” : les Afghanes face à une nouvelle loi “antivice” édictée par les talibans
On pouvait penser que l’obscurantisme des talibans envers les femmes avait touché le fond. Et pourtant, ils creusent encore : “Les femmes n’auront désormais plus le droit de parler en dehors de chez elles”, annonce Rukshana Media, un site d’information afghan en exil composé de femmes journalistes.
Cette interdiction fait partie d’une longue liste de “règles sur le vice et la vertu” qui ont été codifiées la semaine dernière et qui visent à accentuer la stricte interprétation de la charia, la loi islamique. Selon le quotidien pakistanais Dawn, ces règles ont été “officiellement publiées comme loi, sur la base d’un décret promulgué par le chef spirituel suprême des talibans en 2022”.
De fait, poursuit le journal, “les agents en blouse blanche du ministère de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice et avaient déjà appliqué des exigences morales similaires et arrêté des milliers de personnes pour ce type de violations” – au moins 13 000 arrestations en un an, se vantait récemment ce ministère.
Les vêtements “trop serrés” proscrits
Il n’empêche, cette nouvelle liste officialisée des infractions à la “morale talibane” provoque aisément le vertige. Et leur énonciation donne la nausée. “Les voix des femmes sont considérées comme des instruments potentiels du vice et ne pourront donc pas être entendues en public”, détaille Rukshana Media à propos de l’article 13 de cette loi :
“Les femmes ne doivent pas non plus être entendues chanter ou lire à voix haute, même de l’intérieur de leur maison.”
Le texte “affine” aussi l’obligation, “à chaque fois qu’une femme quitte son domicile par nécessité, de dissimuler son visage et son corps” : “Les vêtements ne doivent pas être trop fins, trop serrés ou trop courts” pour qu’elle “ne soit pas tentée” et “ne tente pas les autres”, ajoute Dawn dans un autre article. D’ailleurs, les femmes n’ont même plus le droit de regarder directement les hommes avec lesquels elles n’ont aucun lien de sang ou de mariage.
À ce titre, poursuit Dawn, la loi institutionnalise aussi le rôle du “mahram – généralement un mari, un frère, un père, un fils, un grand-père ou un oncle dans l’islam”, pour encadrer toute forme d’activité des 14 millions de femmes et de filles afghanes, poursuit le quotidien pakistanais.
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