Insultes, dénigrements, privations: les échanges glaçants entre Bruno Garcia et Julie Douib avant sa mort

Bruno Garcia est jugé par la cour d'assises en appel pour le meurtre de sa compagne et mère de ses enfants, Julie Douib. La jeune femme avait porté plainte à plusieurs reprises contre lui.

Les sons, les paroles ont glacé la cour d'assises d'Ajaccio qui juge en appel Bruno Garcia pour l'assassinat de son ex-compagne en mars 2019 à l'Ile Rousse, en Corse. La cour a diffusé les échanges du couple que la victime Julie Douib avait fait à l'insu de son compagnon, pour garder des preuves au cas où il lui arriverait quelque chose, elle qui avait porté plainte à plusieurs reprises pour violences avant sa mort.

"Je suis à la limite de l’explosion, je vais exploser, ça finira pas comme il faut", menace Bruno Garcia dans cet enregistrement.

De nombreuses insultes et menaces

Au cours de ces disputes, Bruno Garcia traite Julie Douib de "débile", de "mariole", de "truie", de "chaudasse". Sur ces vingt minutes d'enregistrement, il lui reproche de parler à des gens de la salle de sport, où il l'a lui-même forcée à s'inscrire pour pas qu'elle ne fasse "honte". Il lui reproche aussi de sortir, de voir des amies.

"Arrête de faire la mariole ou je te prends la tête, je te colle la tête dans la vitre, menace Bruno Garcia. Je vais te mettre des gifles, je vais t'emplâtrer, tu verras ta tête sera tellement gonflée que tu ne plairas plus à personne. Tu es devenue une vraie clocharde."

"Ce n'est pas vrai", lance d'une petite voix l'un des fils du couple. Car les enfants assistent à ces disputes. Julie Douib sanglote: "Mais non chéri, jamais je te laisse, jamais je te laisse, jamais, jamais. Il peut faire ce qu’il veut, jamais je te laisse."

Emprise

Le 3 mars 2019, Bruno Garcia abat Julie Douib à son domicile, de deux balles tirées à bout portant à son domicile. Lui nie la préméditation. Pourtant il est venu armé, muni d'un silencieux, et a fait des recherches sur Internet pour trouver un "avocat criminel" et la "peine pour homicide par arme".

La famille de Julie Douib a également témoigné devant la cour d'assises d'appel jeudi après-midi. Le père de la jeune femme rapporte la "peur" de sa fille, assurant qu'elle avait fait installer un second verrou à sa porte.

"Je lui avais donné un taser! Parfois elle avait tellement peur qu’elle dormait dans le placard des enfants... Comment aurait elle pu lui ouvrir?", s'interroge le père de Julie Douib, estimant que le meurtrier présumé de sa fille avait réussi à se procurer une clé de l'appartement.

"Il m'a fait la pire chose"

Les proches de la victime témoignent de l'emprise qu'avait Bruno Garcia sur elle. "Julie, c’était son otage, souffle la maman de la jeune femme. Elle a changé après la naissance de son fils cadet. Il ne voulait pas qu’elle travaille, ni qu’elle voit ses amies, qu’il traitait de putes. Elle est restée par peur." Le frère de Julie Douib exprime sa culpabilité de n'avoir rien vu.

"Ce qui aurait du m’alerter, c’est qu’elle ne venait plus me voir. Pourtant elle adorait mes filles! Elle disait je peux pas, c’est trop cher... J’ai compris plus tard qu’elle n'en avait pas le droit, il lui interdisait de voir sa famille, pour avoir encore plus d’emprise sur elle."

Pendant leur relation et une fois que Julie Douib a eu le courage de le quitter, Bruno Garcia se servait aussi de ses enfants contre elle. La mère de la victime a raconté à la cour comment la nuit, il empêchait ses enfants de dormir pour leur demander où s'était réfugiée leur mère, où se trouvait son nouvel appartement. "Il m'empêchait de dormir, j'étais fatigué pour aller à l'école", a raconté à sa grand-mère l'un des fils du couple.

"Il m’a fait la pire chose qu’on puisse faire à une mère. Chaque nuit, je vois ma fille dans son cercueil. Et j’entends le cri de mon petit fils Lucas quand il l’a vue dans ce cercueil", conclut la mère de Julie Douib.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Procès d'un féminicide à Ajaccio: les enregistrements de la victime ont été diffusés dans la salle d'audience