Sur Instagram, les députées écologistes publient les insultes et menaces qu’elles subissent
Objectif de cette initiative, faire du compte « Balance Ton Intimidation » un « outil de dénonciation » pouvant s’étendre à d’autres groupes à l’Assemblée nationale.
POLITIQUE - Un musée des horreurs. Sans filtre. Pour « que la peur change de camp », le groupe écologiste à l’Assemblée nationale publie sur Instagram le pire des menaces haineuses, racistes, et sexistes reçues régulièrement par ses députées.
« Tu ne seras jamais française sale pute, tu mérites une balle dans la tête », reçoit par exemple la députée des Hauts-de-Seine Sabrina Sebaihi, née en région parisienne de parents algériens. « Votre utérus ? Je l’éclate », est contrainte de lire Marie-Charlotte Garin, élue dans le Rhône.
Depuis le 8 février, les écologistes à l’Assemblée dévoilent sur le compte Instagram « Balance ton intimidation » ces menaces et insultes, sous forme de visuels simples et percutants, mais aussi via des captures d’écran dans des « stories » qui n’hésitent pas à afficher les comptes qui envoient ces messages.
Ci-dessous, voici quelques exemples. Attention toutefois, certains messages sont particulièrement violents.
Marion Nadaud, collaboratrice du groupe à l’origine de l’initiative, assume auprès de l’AFP un « outil de dénonciation » : « les réseaux sociaux ne protègent pas les femmes des messages violents. Tant que la justice n’est pas adaptée, dépassée par la rapidité des réseaux, on ne peut pas attendre qu’il se passe quelque chose ».
« C’est une toute petite action mais c’est pour leur montrer qu’on va pas se laisser faire », poursuit celle qui commence désormais ses journées par sélectionner le pire des messages transférés par les députées du groupe pour les exposer. « Tous les matins commencer avec cette violence, c’est pas génial pour moi », confesse-t-elle.
« Un pic à chaque fois que je parle féminisme »
« C’était lourd à porter pour » les députées, « c’est aussi une manière de les libérer de ça. De ne pas les laisser seules », explique Marion Nadaud à propos des députées concernées, parmi lesquelles la présidente Cyrielle Chatelain, Lisa Belluco, Marie-Charlotte Garin, Julie Laernoes et Sandrine Rousseau, figure du groupe.
« Ce que je trouve frappant, c’est à quel point les insultes sont sexualisées », explique à l’AFP Sandrine Rousseau. « Il y a un pic à chaque fois que je parle féminisme ».
« On est profondément dans la domination. Ça montre aussi la culture du viol. Dès qu’une femme ne leur plaît pas, ça part sur des “je vais te baiser” », alerte la députée de Paris. Selon Marion Nadaud, l’initiative écologiste pourrait à l’avenir être étendue à des menaces subies par des députées d’autres groupes.
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