« Insoupçonnable, l’affaire du Grêlé » : France 2 revient sur l’histoire hors du commun du policier tueur en série

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FAIT DIVERS - Pendant 35 ans, il a vécu sa vie d’époux, de père de famille, de gendarme puis de policier comme si de rien n’était. Pourtant, François Vérove était secrètement l’un des criminels les plus traqués de France, un violeur et tueur en série surnommé le Grêlé en raison de sa peau marquée de cicatrices. France 2 revient à partir de ce mardi 24 septembre, dans la série documentaire Insoupçonnable sur cette affaire hors du commun.

En 2021, juste après avoir reçu une convocation pour un test ADN, le corps de François Vérove est retrouvé. L’ancien policier s’est donné la mort et a laissé derrière lui une lettre avouant sa véritable identité. Il révèle être Le Grêlé. Au total, six viols et quatre meurtres commis dans les années 80 et 90 lui sont imputés, mais la véritable liste pourrait être encore plus longue. La journaliste Patricia Tourancheau a enquêté sur le criminel, puis l’homme, pendant 6 ans et a publié en 2022 le livre Le grêlé était un flic.

Les quatre épisodes de cette série-docu, coréalisée avec beaucoup de finesse par Élie Wajeman (Médecin de nuit, Le Bureau des Légendes), retracent par le biais de témoignages inédits et d’images d’archives, les crimes, et les enquêtes qui ont patiné pendant des décennies. Le HuffPost a échangé avec la journaliste Patricia Tourancheau, aussi coréalisatrice de la série documentaire Insoupçonnable.

Le HuffPost : La série offre une place de premier plan aux victimes, pourquoi ?

Patricia Tourancheau : Les souvenirs avaient déjà été ravivés pour les victimes et leurs proches avec l’identification du criminel et son suicide. Mais ces victimes avaient pour beaucoup envie de se décharger de cette histoire. Et pour certaines aussi, de se montrer. Malheureusement, elles n’auront jamais droit à un procès d’assises, puisque François Vérove s’est suicidé pour éviter la justice. Elles m’ont confié avoir eu envie une bonne fois pour toutes de raconter leur histoire.

Pourquoi vous êtes-vous passionnée pour l’affaire du Grêlé ?

Je suis une des rares à m’être penchée dessus vraiment à partir de 2016. L’affaire du Grêlé était jusqu’à récemment terriblement méconnue en France. Les dossiers n’étaient pas reliés entre eux, il y avait des enquêtes différentes, des juges différents. La police judiciaire et les magistrats n’arrivaient pas à l’attraper, alors qu’ils avaient son ADN depuis 1996, il y avait beaucoup de secret autour de cette affaire. Mais en 2021, quand François Vérove s’est suicidé et qu’on a découvert son identité, la France entière a réalisé que depuis 35 ans il était recherché, et compris l’ampleur de tout ce qu’il avait fait.

Qu’est ce qui explique cette fascination encore aujourd’hui des Français pour cette histoire ?

Il y a l’ampleur de l’affaire d’une part c’est-à-dire le nombre de victimes, mais aussi la durée de la traque et sa personnalité. La fascination vient, je pense, en grande partie de son métier. Aux États-Unis, il y a eu des tueurs en série qui étaient aussi des flics. Mais pas en France, à part le gendarme de l’Oise et l’adjudant Chanal dans les années 80, deux tueurs qui n’ont pas cette dimension. François Vérove était gendarme à la Garde Républicaine dans le régiment le plus prestigieux de la cavalerie. Il participait à tous les protocoles des chefs d’État en France sur son beau cheval dans sa tenue d’apparat, et dans le même temps au plus fort de ses crimes, il étranglait et violait des petites filles. C’est hallucinant, et si cela a duré 35 ans, au-delà des moyens scientifiques qui empêchaient son identification à l’époque, c’est aussi parce que les enquêteurs ne pouvaient pas imaginer que ce prédateur sexuel qui torturait des gens, soit dans les forces de l’ordre.

C’est une affaire qui est comparée dans la série à celles de Michel Fourniret ou Guy Georges. Elle est de la même ampleur pour vous ?

Bien évidemment oui, même si Georges et Fourniret ont plus de victimes « officielles ». En 2008 au procès des Fourniret à Charleville-Mézières, le psychiatre Daniel Zagury (spécialisé dans les profils de tueurs en série) avait qualifié Michel Fourniret de « tueur en série le plus abouti en France ». Mais aujourd’hui, il a trouvé encore plus abouti et il le dit. Fourniret restait un marginal, Guy Georges aussi. Ce n’étaient pas des gens vraiment insérés dans la société, capables d’être élus, syndicalistes, flics. Le Grêlé est, dans son clivage, dans son « dédoublement de personnalité », vraiment pire, car beaucoup plus structuré, plus inséré dans la société. Il passait inaperçu.

Tellement insoupçonnable que François Vérove s’était même amusé à participer au jeu télévisé de France 2 Tout le monde veut prendre sa place en 2019, convaincu qu’aucune de ses victimes ne le reconnaîtrait jamais.

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