Inquiétude en Israël après la levée des sanctions contre l'Iran

par Dan Williams JERUSALEM (Reuters) - Les autorités israéliennes ont fustigé dimanche la levée des sanctions internationales contre l'Iran et promis de signaler toute violation des engagements pris par la république islamique sur ses activités nucléaires. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a déclaré samedi que l'Iran s'était mis en conformité avec l'accord conclu le 14 juillet dernier à Vienne avec les puissances du P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne). Ce feu vert de l'agence onusienne a conduit à l'annonce de la levée des sanctions économiques et financières imposées à l'Iran. Quant à l'échange de prisonniers entre Washington et Téhéran préparé en secret et annoncé parallèlement, il est venu illustrer la volonté des deux ennemis d'un réengagement diplomatique. Vu d'Israël, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est démené pendant des années pour empêcher la conclusion d'un accord avec Téhéran, ces développements sont porteurs d'une menace. Dès samedi soir, Netanyahu avait publié un communiqué très critique dans lequel il affirmait: "Même après la signature de l'accord nucléaire, l'Iran n'a pas abandonné ses aspirations à acquérir l'arme nucléaire et continue à agir pour déstabiliser le Moyen-Orient et répandre le terrorisme dans le monde en violant ses engagements internationaux." Dimanche, en conseil des ministres, il a souligné que "sans nos efforts en faveur des sanctions et de la mise en échec du programme nucléaire iranien, l'Iran aurait depuis longtemps déjà des armes nucléaires". Le chef du gouvernement israélien a également demandé aux puissances mondiales d'imposer des "sanctions dures et agressives" si la république islamique revenait sur le moindre de ses engagements. UN RENFORCEMENT DE L'AIDE MILITAIRE AMÉRICAINE ? Son cabinet avait fait savoir auparavant qu'Israël surveillerait de près les activités nucléaires de Téhéran et signalerait le moindre écart à l'égard de l'accord de Vienne, censé limiter le programme atomique iranien à sa seule composante civile. Au micro de la radio militaire israélienne, Ram Ben-Barak, directeur général du ministère du Renseignement, a estimé que les Iraniens avaient des raisons de célébrer l'annonce de samedi soir. "Ils ont réussi à embobiner tout le monde", a-t-il dit. "Les Américains, a-t-il ajouté, sont satisfaits parce qu'ils pensent que la diplomatie l'a emporté. Mais nous, nous sommes très, très inquiets et les pays du Golfe aussi." Ben-Barak se dit persuadé que Téhéran, de retour dans le commerce mondial, va investir au cours des prochaines années dans la reprise de son économie tout en restant en mesure de relancer "du jour au lendemain" ses ambitions nucléaires. Le gouvernement israélien négocie parallèlement un accroissement de l'aide militaire américaine et espère obtenir jusqu'à cinq milliards de dollars par an contre trois milliards actuellement. A Washington, Barack Obama a réitéré les garanties américaines en faveur de la sécurité d'Israël et de ses autres alliés régionaux. Mais des responsables de son administration ont dit qu'il était peu probable qu'Israël obtienne le montant d'aide affiché. (avec Joel Schechtman à Washington; Henri-Pierre André pour le service français)