Inondations en Espagne : où en est le système d’alerte aux populations en cas d’événements climatiques extrêmes en France ?
CATASTROPHES - Des secours dépassés et des alertes envoyées trop tardivement. En Espagne, les inondations dans la région de Valence ont fait plus de 150 morts depuis mercredi 30 octobre. Alors que les images impressionnantes de la catastrophe continuent à circuler sur les réseaux sociaux, les médias espagnols accusent les autorités régionales de ne pas avoir déclenché l’envoi des messages d’urgence à temps et d’avoir minimisé le danger météorologique. Où en est le système d’alerte aux populations en France ? Le HuffPost fait le point.
Après les inondations en Espagne, la région de Valence accusée d’avoir ignoré les alertes météo
Si les Espagnols reçoivent les notifications « Es-Alert » de la protection civile sur mobile, la France a déployé le système « Fr-Alert » en juin 2022. Le dispositif permet d’informer les personnes confrontées à un danger, qu’il soit climatique, sanitaire, industriel ou terroriste. Fr-Alert « utilise le bornage SMS dans une zone donnée », détaille au HuffPost Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, précisant qu’il « n’y a pas besoin d’application à télécharger » pour recevoir les notifications.
Concrètement, n’importe quelle personne ayant un téléphone portable et présente dans une zone à risque reçoit un message d’alerte et entend un signal sonore pour la prévenir du danger. Fr-Alert « est assez précis sur la zone de couverture de téléphones mobiles », constate Éric Brocardi.
Ces notifications urgentes sont en effet diffusées via les antennes relais de la zone à alerter, précise le site du ministère de l’Intérieur. Pour les appareils compatibles avec la 4G, la diffusion cellulaire, pus rapide, peut être utilisée. Le message est alors transmis via les antennes de télécommunication sous la forme d’ondes radio.
#METEO06 🚨 Dispositf FR-Alert activé 📡 pic.twitter.com/u1yIwt3ROp
— Protection Civile 06 (@proteccivile06) October 17, 2024
Quelques dysfonctionnements à corriger
Pourtant, plusieurs couacs ont déjà été constatés lors du recours à Fr-Alert ces dernières semaines. Le 17 octobre, la préfecture de l’Ardèche a activé le dispositif lors de la vigilance rouge pluie-innondations. Des alertes par SMS ont été envoyées à 4 reprises aux Ardéchois en zone à risque. Mais plusieurs d’entre eux ont témoigné ne pas avoir reçu les notifications, ou alors plusieurs jours plus tard, comme l’a relayé France Bleu Drôme Ardèche. D’autres utilisateurs en ont été destinataires alors qu’ils n’étaient pas dans la zone concernée.
Bonjour @Prefet07, je trouve que le système FR-Alert est bien,. J'avoue que à 5h07 et 5h15 ça pique 😂. Mon téléphone ne fait qu'en recevoir depuis le Jeudi 17, tous les jours. Par contre le téléphone de ma compagne n'en reçoit plus. Une idée? pic.twitter.com/wO8q33IbrR
— Christophe (@Lotherion) October 22, 2024
« À quelques centaines de mètres près, le message va être reçu par des personnes qui sont situées dans les départements voisins parce que la propagation se fait par ondes radio, et ça dépasse la zone définie au départ », explique à la radio locale Johnny Douvinet, professeur de géographie à l’université d’Avignon qui travaille aux côtés du ministère de l’Intérieur dans le déploiement du système. Il s’agit d’un « effet de bord » qui ne remet pas en cause le dispositif, souligne-t-il. Quant aux messages reçus en retard, ils concerneraient un opérateur en particulier, qui serait « moins fiable que les autres », concède le professeur. Un problème technique lié à des cellules qui dysfonctionnent sur certaines antennes relais.
« On ne peut pas se contenter d’Fr Alert »
Fr-Alert, « c’est une belle avancée, il était temps qu’on l’ait car on avait pris beaucoup de retard là-dessus par rapport à nos voisins européens », assure Sébastien Leroy (LR), maire de Mandelieu-la-Napoule, au HuffPost. Mais le système « n’est pas encore au point », selon l’élu qui pilote la commission « gestion des risques et crises » à l’Association des maires de France. Alors que le département était en vigilance rouge pluie-innondation le 17 octobre dernier, l’édile estime que seulement « 60 % de la population » de sa commune a reçu la notification d’alerte. « Dans la salle de crise où l’on se trouvait, sur les 15 personnes présentes, 10 n’ont rien reçu. »
Pour le maire, si l’alerte des populations fonctionne bien en France, c’est parce qu’elle est basée sur plusieurs systèmes complémentaires. « Tout miser sur un seul système serait une erreur fatale », insiste Sébastien Leroy. Pour bien informer les habitants, il met en avant l’importance des sirènes, des vigilances Météo France – même s’il elles manquent parfois de précision au niveau local – et la mobilisation des autorités locales, qui communiquent activement sur les réseaux sociaux, voire installent des haut-parleurs dans leurs communes.
#SécuritéCivile | 🚨 RAPPEL – Le dispositif #FR-Alert sera testé le mercredi 30 octobre entre 9h15 et 12h00 dans le secteur de Thénezay lors d’un exercice de sécurité civile.
Aucune action de votre part n’est attendue.
Pour plus d’informations sur le dispositif :… https://t.co/AnQM3qoIlO— Préfète des Deux-Sèvres (@Prefet79) October 28, 2024
Pour tenter de résoudre les soucis techniques de Fr-Alert, les autorités réalisent régulièrement des tests, comme le 25 octobre dernier dans plusieurs communes de Guyane, ou il y a quelques heures dans les Deux-Sèvres.
Malgré les quelques couacs, il faut prendre en compte « le bénéfice pour les populations qui ont reçu en temps et en heure ce type d’alertes », rappelle le porte-parole de la Fédération des sapeurs-pompiers. Car informer au plus tôt les populations civiles, c’est permettre d’« éviter qu’un événement ne se transforme en crise », conclut-il.
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