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La perspective d'un démantèlement d'Innogy fait bondir le titre

par Christoph Steitz et Tom Käckenhoff

Essen, Allemagne (Reuters) - Innogy bondit lundi en Bourse de Francfort, au lendemain de l'annonce par sa maison mère RWE et E.ON d'échanges d'actifs complexes, qui devraient aboutir de fait au démantèlement du premier groupe énergétique allemand en termes de capitalisation boursière.

RWE et E.ON ont annoncé dimanche que le premier allait céder au second sa participation majoritaire dans Innogy. Parallèlement, RWE, premier producteur d'électricité en Allemagne, prendra une participation minoritaire dans E.ON et récupérera les actifs dans les énergies renouvelables aussi bien d'E.ON que d'Innogy.

Le titre Innogy prend 13,26% à 39,11 euros vers 11h10 GMT en Bourse de Francfort, signant la plus forte hausse de l'indice des valeurs européennes Stoxx 600, qui prend 0,35% au même moment.

RWE s'octroie 8,03% et E.ON s'adjuge 5,24%, prenant respectivement les première et deuxième places du Dax(+0,7)%.

Dans leur sillage, le compartiment des valeurs des services aux collectivités locales avance de 1,5%, en tête des hausses sectorielles en Europe, également soutenu par Engie (+0,91%) et Veolia Environnement (+1,42%).

REFONTE DU SECTEUR DE L'ÉNERGIE ALLEMAND

Cette opération annoncée dimanche est l'aboutissement d'une restructuration en profondeur des groupes énergétiques allemands rendue nécessaire par la décision soudaine en 2011 du gouvernement d'Angela Merkel de sortir le pays du nucléaire et de promouvoir les sources d'énergies alternatives après la catastrophe de Fukushima au Japon, survenue il y a exactement sept ans.

Dans le cadre de cet accord, E.ON va soumettre une offre sur la participation de 76,8% de RWE dans Innogy au prix de 40 euros par action en numéraire, soit une prime de 16% par rapport au cours de clôture de vendredi.

Cette transaction, qui verra aussi E.ON présenter une offre de 5,2 milliards d'euros aux autres actionnaires d'Innogy, va de fait entraîner le démantèlement de ce dernier, dans lequel RWE avait placé en 2016 ses réseaux et ses activités dans les énergies renouvelables.

"Nous pensons que cette évolution va être très favorablement accueillie", écrivent dans une note les analystes de Macquarie, qui passent de "neutre" à "surperformer" sur le titre.

De son côté, Morgan Stanley estime qu'il pourrait s'agir d'un accord gagnant-gagnant pour RWE et E.ON.

La ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, a déclaré lundi que ce partage des actifs d'Innogy entre les deux grands groupes allemands pourrait rentabiliser le secteur.

"Ce serait une bonne chose qu'il y ait des fournisseurs d'énergie concurrentiels et orientés à l'international en Allemagne. Le projet en cours pourrait contribuer à cela", a-t-elle dit à Reuters dans un courriel.

"La concentration sur des domaines d'activité spécifiques peuvent favoriser des investissements nécessaires dans la génération (d'énergie) et les réseaux de distribution."

LES RÉGULATEURS DEVRONT SE PRONONCER

La transaction, si elle est approuvée par les régulateurs, marquera la fin d'Innogy en tant qu'entreprise indépendante moins de deux ans après sa scission de RWE et son introduction en Bourse, qui en a fait le premier groupe énergétique allemand en capitalisation boursière (19 milliards d'euros vendredi).

Innogy traverse une période délicate depuis un avertissement sur ses résultats en décembre qui a poussé à la démission son président du directoire, Peter Terium.

Dans une lettre adressée au personnel d'Innogy et consultée par Reuters, le nouveau président du directoire, Uwe Tigges, déclare que le directoire et le conseil de surveillance du groupe évalueront soigneusement ce projet d'accord, qui a été approuvé dans son principe et qui requiert encore l'approbation des autorités de la concurrence.

Le régulateur allemand a déclaré qu'il était encore trop tôt pour commenter d'éventuels obstacles à ces échanges d'actifs, qui devraient demander son approbation comme celui des autorités de la concurrence européennes.

Innogy et E.ON ont des activités qui se recoupent en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Innogy a toutefois précisé qu'il n'avait pas étudié à ce stade cette proposition et qu'il la commenterait ultérieurement.

Le groupe a par ailleurs annoncé lundi que les coûts seraient réduits d'environ 400 millions d'euros d'ici la fin 2020.

Innogy, qui a publié une hausse de 3% de son bénéfice d'exploitation, a aussi déclaré qu'il proposerait un dividende inchangé de 1,60 euro pour 2017, contre 1,61 euro anticipé en moyenne par les analystes, selon le consensus Reuters.

(Avec Gernot Heller, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Juliette Rouillon)