"Injuste et discriminatoire": à Toulouse, la nouvelle amende pour les parents en retard à l'école critiquée

Cette pénalité financière de 30 euros doit servir à compléter les salaires des animateurs, contraints de prolonger leur journée de travail pour garder les enfants. Le maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, a répondu aux critiques de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) ce vendredi 30 août sur BFMTV.

Une mesure qui divise. À quelques jours de la rentrée scolaire du 2 septembre, la mairie de Toulouse a décidé de mettre en place une amende de 30 euros à destination des parents d'élèves coupables de retards répétés pour venir chercher leurs enfants dans les Centres de loisirs associés à l'École (CLAE) de la ville rose.

Selon la municipalité toulousaine, entre 6.000 à 8.000 retards par an sont comptabilisés et cette pénalité financière doit servir à compléter les salaires des animateurs, contraints de prolonger leur journée de travail pour garder les enfants.

"Si mon animateur reste trois-quarts d'heure de plus, vous pensez qu'il va me dire: ‘je t'offre trois-quarts d'heure?’ Non, il faut que je le paie, ce qui est normal", déclare à BFMTV Brigitte Morhain, présidente de l'association "Cité Loisirs" qui gère deux de ces centres de loisirs.

Si cette sanction se veut d'abord pédagogique, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, qui a validé la mise en place de ces amendes, espère que leur aspect financier sera disuasif. "Je suis sûr que ceux qui sont de mauvaise foi ou ceux qui sont 'jemenfoutistes' vont corriger leur comportement", explique-t-il.

"Le problème est concentré sur une minorité, quelques pourcents, mais il suffit d’un parent en retard pour qu'un animateur qui finit à 18h30 doive rester parfois jusqu'à 20h. Cette pénalité sera appliquée avec discernement. Il faut respecter des situations qui arrivent de bonne foi, un événement extérieur qui retarde", a-t-il ajouté sur notre antenne vendredi.

Auprès de France Bleu, Marion Lalane-de-Laubadère, première adjointe en charge de l'Éducation à la mairie de Toulouse, a précisé que la sanction ne sera pas automatique et que les parents concernés seraient d'abord avertis par plusieurs courriers.

Ce nouveau système ne trouve toutefois pas grâce auprès des associations de parents d'élèves. Auprès de BFMTV, Éric Pinot, président de l’association FCPE Haute-Garonne, estime que cette sanction va d'abord toucher les familles les plus précaires.

"C’est injuste et discriminatoire puisque ça touche beaucoup de familles qui ont des situations sociales qui ne sont pas toujours les plus aisées financièrement et socialement et qui n'ont pas forcément les moyens de payer des gens pour aller les chercher à l’école", dit-il.

"Le sujet ce n'est pas le revenu", lui répond le maire de Toulouse sur BFMTV, estimant que la FCPE essaie de faire passer "une mauvaise image" à travers ces critiques, assurant que l'"immense majorité qui se comporte mal n'est pas définie par son revenu (...) Le sujet c'est le comportement et l'état d'esprit. La minorité qui se porte mal un mauvais état d'esprit vous l'avez aussi bien dans les familles aisées que modestes".

Auprès de 20 Minutes, Marion Lalane-de Laubadère précise elle que ces sanctions ne vont pas concerner les retards de cinq minutes "qui peuvent arriver à tout le monde." "Ce sont des parents qui, de manière régulière et sans qu'on arrive à les joindre ou joindre les proches, ont parfois jusqu’à une heure et demie de retard et ne préviennent pas" qui sont en fait visés.

Toulouse n'est pas un cas unique en France. Bordeaux, Strasbourg, Lille ou encore Marseille ont déjà mis en place des sanctions similaires. Dans la ville alsacienne, une amende de 11,95 euros est attribuée pour le premier et deuxième retard, un montant qui bondit à 23,90 euros à partir du troisième retard.

Article original publié sur BFMTV.com