"Ingrat", "amoral", "sans grandeur": la colère au RN après le ralliement de Collard à Zemmour

Selon nos informations, l'eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard doit officialiser ce samedi son arrivée dans les rangs de l'équipe d'Éric Zemmour en vue de la présidentielle. L'entourage de Marine Le Pen ne décolère pas.

"Le type est peut-être marginal mais vous verrez, les réactions seront violentes." Cette remarque lâchée auprès du service politique de RMC vendredi soir par un observateur de l'extrême droite se vérifie déjà. Les cadres du Rassemblement national ont explosé en apprenant que, selon nos informations, Gilbert Collard s'apprêtait à officialiser son ralliement à la candidature présidentielle d'Éric Zemmour ce samedi, à l'occasion du meeting de ce dernier à Cannes.

Entre agacement et "soulagement"

"C'est un personnage amoral, ingrat", nous confie un cadre. Il faut dire que par deux fois et pour autant de victoires - en 2012 et 2017 - la formation d'extrême droite avait investi l'avocat aux législatives dans la 2e circonscription du Gard, avant de le propulser au Parlement européen en 2019. "Il est sans grandeur et sans troupe", entendait-on de surcroît dans la soirée de vendredi dans l'entourage de Marine Le Pen.

"J'ai dû le voir deux fois au RN en cinq ans donc le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne fera pas une grande différence", glisse-t-on encore.

Un autre apparatchik du RN ayant souhaité conserver son anonymat dit même son "soulagement": "Je m’en doutais. Gilbert est un maître chanteur très instable. Quelque part, c’est un soulagement, il fera ses caprices de pseudo-star ailleurs."

"Je suis un peu à l’origine de son arrivée au RN. Je pense qu’il aurait dû ne plus être au RN depuis trois ans déjà. Aux dernières européennes, il avait fait du chantage en menaçant de partir chez Dupont-Aignan et malheureusement on a cédé à son chantage", a regretté ce samedi matin sur notre antenne le maire RN de Perpignan, Louis Aliot. "Ça ne m’étonne pas", a-t-il encore assuré, dénonçant ce qu'il voit comme le "nomadisme politique" d'un Gilbert Collard, dont les sympathies politiques ont d'abord gravité dans les cercles de gauche, avant de migrer vers le centre droit puis jusqu'au FN.

Un départ plus clinquant que décisif

Si le sentiment de trahison semble puissant au Rassemblement national et explique le courroux suscité, ce départ du médiatique avocat et eurodéputé du RN vers le Reconquête! de Éric Zemmour serait donc plus clinquant que décisif, et impropre à inverser la tendance. Dans les sondages après tout, Marine Le Pen domine désormais nettement son rival. Notre premier interlocuteur, connaisseur des coulisses de cette famille politique, abonde:

"Gilbert Collard est connu pour son humour et sa repartie mais ça ne fera pas bouger une voix. Ce n’est pas Nicolas Bay ou Marion Maréchal."

Ce n'est pas un cas isolé non plus. Jeudi, Damien Rieu, militant et attaché parlementaire de l'eurodéputé Philippe Olivier - proche de la candidate à la présidentielle - a lui aussi pris la décision de rejoindre l'ex-chroniqueur télé. La veille, Jérôme Rivière, d'un tout autre poids politique car jusqu'ici patron des députés européens du Rassemblement national, avait également annoncé sa mise au service d'Eric Zemmour. C'est d'ailleurs comme porte-parole de ce dernier qu'il est apparu sur notre antenne vendredi soir pour saluer le choix de Gilbert Collard et promettre l'arrivée d'autres eurodéputés "d'ici la fin de semaine prochaine".

Marine Le Pen ne "respecte pas la duplicité"

Marine Le Pen n'a pas encore commenté la défection de Gilbert Collard - qui demeure pour l'heure non-officielle d'ailleurs bien que l'avocat ait confirmé dans un live Facebook qu'il s'apprêtait à se "baigner dans le Rubicon". Mais, lors d'une conférence de presse tenue vendredi, elle avait déjà sabré les deux premiers départs:

"Je ne respecte pas la duplicité. (...) Je pense qu’en politique aussi on peut se comporter avec droiture."

Côté Éric Zemmour, évidemment, on ne détecte dans ce sang neuf ni malhonnêteté ni cynisme. "Nous sommes la force d’attraction, de conviction", veut même croire un proche du prétendant à la présidentielle qui analyse ces événements comme la preuve que son camp a le pouvoir de fédérer: "L’union de la droite, c’est nous."

Article original publié sur BFMTV.com

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