Influenceur algérien refoulé : la mise au point de Bruno Retailleau
POLITIQUE - L’affaire n’en finit pas de faire de bruit. Ce dimanche 12 janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est senti obligé de faire une mise au point après le refus d’Alger de récupérer un influenceur algérien expulsé de l’Hexagone. Le Vendéen a répondu directement à la cheffe des écologistes, Marine Tondelier, qui l’accusait d’avoir agi en contradiction de l’État de droit et à rebours du droit international.
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« Les relations entre États ont des règles aussi. Quand vous avez un ressortissant d’un pays, que vous voulez le renvoyer dans son pays, ça se fait avec l’accord du pays. Ce n’est pas des colis La Redoute les gens. Vous ne pouvez dire, je le renvoie et retour à l’expéditeur », a dénoncé l’élu écologiste sur RTL, qui trouve « extrêmement choquante » la position de Bruno Retailleau sur ce dossier. En réponse, le ministre de l’Intérieur a répondu sur le réseau social X en assurant au contraire se fonder sur le droit.
À ceux qui sont sensibles aux argumentaires de l’Algérie :
1- l’arrêté ministériel a été pris sur le fondement de faits constitutifs d’une menace grave à l’ordre public. Cette réponse administrative à une urgence absolue est distincte de la réponse judiciaire. C’est cela la… https://t.co/paX0vgp7ws— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) January 12, 2025
« L’arrêté ministériel a été pris sur le fondement de faits constitutifs d’une menace grave à l’ordre public. Cette réponse administrative à une urgence absolue est distincte de la réponse judiciaire. C’est cela la séparation du judiciaire et de l’administratif dans un État de droit », a répliqué le ministre. « L’admission au séjour est une décision souveraine prise par le pays d’accueil. Le retour vers le pays d’origine l’est également. En l’espèce, l’intéressé disposait d’un passeport biométrique algérien en cours de validité. Selon les termes du protocole de 1994 entre la France et l’Algérie sur la réadmission de leurs ressortissants, le retour est de plein droit », a-t-il poursuivi.
Tondelier et le narratif d’Alger
Ce samedi 11 janvier, le ministère algérien des affaires étrangères a justifié son refus d’admettre son ressortissant sur son sol en raison des « violations des droits acquis » par cet influenceur sur le territoire français. « La décision algérienne dans cette affaire est animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations qui sont portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et équitable », a fait savoir Alger. Raison pour laquelle Bruno Retailleau estime que l’argumentaire de Marine Tondelier reprend le narratif utilisé par l’Algérie.
Doualemn, influenceur de 59 ans, avait été interpellé pour « appel à la torture » visant « un opposant au régime actuel en Algérie » après une vidéo publiée sur TikTok. À la suite de son expulsion avortée, il a été placé en Centre de rétention administrative où son placement a été prolongé de dimanche.
Depuis début janvier, cinq influenceurs algériens et une Franco-Algérienne sont visés par des procédures pour des propos haineux, visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
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