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Inflation, retraites, coupures… Le gouvernement passera-t-il l’hiver ?

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STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

POLITIQUE - Imaginons le scénario. Disons fin janvier 2023. Après plusieurs semaines de mobilisation contre la réforme des retraites, la France est traversée par une violente vague de froid.

La question sensible des coupures d’électricité revient sur la table, avec tout ce que cela peut impliquer en termes de contraintes pour les entreprises, voire pour les particuliers. Dans la presse, il se dit que des délestages sont désormais « imminents ».

En parallèle, l’inflation continue de grimper, conformément aux anticipations formulées à la fin de l’année par Bruno Le Maire. La note est salée : 20 % sur l’alimentaire et le prix de l’essence qui n’est plus adouci pour tout le monde. Les oppositions sont revigorées, alors qu’un énième 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites est dans les tuyaux. Une ligne rouge pour Les Républicains, qui agitent une possible motion de censure.

Un peu comme au foot, on prend les matchs les uns après les autres Sacha Houlié, député LREM de la Vienne

Les blocages exaspèrent l’opinion, les sondages négatifs s’accumulent et la situation devient inflammable. Dans ce cas, le gouvernement pourrait-il tenir ? La question se pose, au regard de ce triple défi posé par cette conjoncture explosive.

« On s’attend à un mois de janvier agité entre de potentielles grèves liées à la réforme des retraites et d’éventuelles coupures », reconnaissait mi-décembre un ministre auprès du HuffPost, sans toutefois penser que le premier trimestre serait fatal pour l’exécutif.

Des dividendes « qui s’annoncent record », Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis

« Le premier trimestre sera décisif pour le gouvernement. Si tous les voyants passent au rouge (mobilisation de masse, pas de compromis avec LR, situation économique qui se dégrade), ça risque d’être sérieusement compliqué pour Emmanuel Macron » , pronostique le président LFI de la Commission des Finances Eric Coquerel, qui rappelle que c’est aussi à cette période que les grands groupes communiquent sur leurs dividendes : « ils s’annoncent record, ce qui peut peser sur climat social ».

Des épreuves que les troupes macronistes à l’Assemblée abordent avec résilience. « Un peu comme au foot, on prend les matchs les uns après les autres. Après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, on arrive toujours à trouver des solutions, donc ce sera pareil », veut croire le député Renaissance de la Vienne Sacha Houlié, certain que chaque séquence offrira à la majorité relative une opportunité d’aborder « positivement » les différents dossiers.

Pédagogie nécessaire sur les retraites

Ce qui permettrait, selon lui, de déminer certains blocages. « Sur les retraites, il faudra expliquer trois choses : combien ça coûte actuellement, combien nous avons besoin pour que ça fonctionne, et comment on comble ce besoin. En rappelant que l’objectif est de pérenniser le système, tout en neutralisant les inégalités sociales qu’il produit », poursuit ce représentant de l’aile gauche de la Macronie.

Une volonté d’insister sur le caractère social qui est loin de convaincre la gauche qui, à l’Assemblée nationale, affiche un front uni face à la réforme des retraites.

« On n’est pas ici tous d’accord en tout point sur quelle pourrait être la réforme alternative, mais nous avançons vers des partis pris communs et nous avons une solidarité sans faille pour faire reculer le gouvernement », a prévenu Clémentine Autain, lors d’une conférence de presse de la NUPES sur le sujet mercredi 14 décembre.

« Nous sommes extrêmement déterminés, extrêmement soudés, extrêmement forts pour dire ’non’ » à une réforme « qui n’est vue que par le prisme de la productivité », a renchéri la présidente des députés écologistes Cyrielle Chatelain.

Il n’y a aucune raison de faire tomber le gouvernement maintenant, même pour les oppositions - Un cadre de la majorité au Palais-Bourbon

Une fin de non-recevoir qui contraint l’exécutif à regarder du côté des Républicains qui, pour ne rien faciliter, ne sont pas tous sur la même longueur d’onde sur ce dossier. De quoi déboucher sur un blocage fatal ? « Je ne vois pas Les Républicains déposer une motion de censure contre la retraite à 65 ans et faire tomber le gouvernement sur un sujet pareil en votant avec LFI », pronostiquait mi-décembre le ministre cité plus haut. Une analyse partagée par un cadre de la majorité présidentielle. « Il n’y a aucune raison de faire tomber le gouvernement maintenant, même pour les oppositions. Personne n’a intérêt à revenir aux urnes. Et si les oppositions le souhaitaient, elles auraient déjà voté - ou déposé pour LR - une motion de censure. Ça n’a pas été le cas », estimait ce stratège au Palais Bourbon.

« Tout le monde lie la dissolution de l’Assemblée à une motion de censure des Républicains sur les retraites. Mais au bout d’un moment, il faudra bien qu’ils soient cohérents avec eux-mêmes. Non seulement ils ont toujours défendu le report de l’âge légal (et ils ont été élus là-dessus) mais en plus ils ne sont pas d’accord avec le groupe LR au Sénat », observe Sacha Houlié, qui prévient : « au regard de la dynamique des sondages, ce n’est pas la droite qui s’en sortirait le mieux en cas de nouvelles législatives ».

Une sorte d’assurance-vie pour le gouvernement qui va tout faire pour résister à cet hiver de tous les dangers, en comptant, notamment, sur les troupes LR à l’Assemblée.

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