Inflation : Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, rejette la faute sur les industriels

 Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, a reproché ce mardi 29 août aux industriels d’augmenter leur marge alors que l’inflation peine à reculer en France.
Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, a reproché ce mardi 29 août aux industriels d’augmenter leur marge alors que l’inflation peine à reculer en France.

CONSOMMATION - A la veille d’une rencontre entre le ministre de l’Économie et les distributeurs au sujet de l’inflation, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard a reproché ce mardi 29 août aux industriels d’augmenter leur marge aux dépens des consommateurs, frappés par la hausse des prix dans les supermarchés.

« Il y a des causes multiples qui sont les crises qu’on a connues. Mais aujourd’hui, c’est très simple : les cours (des prix des matières premières, ndlr) ont baissé de 20 à 25 %. La réalité, c’est que les industriels ont décidé de ne pas renégocier », cingle-t-il au micro de franceinfo, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo ci-dessous. « Les baisses des matières premières ont déjà commencé il y a neuf mois, ils ont décidé de ne pas les répercuter [dans les supermarchés]. C’est leur choix », appuie-t-il encore.

Moratoire de la loi Descrozaille

Au cours de son passage dans la matinale de franceinfo, le patron de Carrefour a également annoncé qu’il demanderait à Bruno Le Maire « un moratoire » sur l’application de la loi Descrozaille. Un texte qui encadre les promotions de certains produits et doit entrer en vigueur en mars 2024. Cette dernière loi « conduit (les distributeurs) à devoir limiter les promotions dans la droguerie, pour les produits de soins et d’hygiène à 34 % », argue Alexandre Bompard.

« Aujourd’hui, je peux vendre une lessive à 50 ou 60 % de promotion », a-t-il expliqué. Mais dès l’application de cette « mauvaise loi » comme il la qualifie, Carrefour comme les autres distributeurs seront « obligé(s) de se limiter à 34 % ». Alexandre Bompard a en effet déploré que les consommateurs, frappés par l’inflation, se privent de produits « essentiels » tels que « les protections féminines, les couches, le dentifrice » qui accusent des baisses de vente « à deux chiffres ». La loi Descrozaille « ne bénéficie qu’à trois grandes multinationales mondiales », a estimé le PDG, qui cite à ce propos Procter & Gamble, Henkel et Unilever.

Porté par le député Renaissance Frédéric Descrozaille, le texte a été décrié par les distributeurs, un des points de crispation principaux portant sur le plafonnement à 34 % des promotions « chocs » sur les produits non alimentaires. La fédération patronale de la grande distribution, la FCD, le juge « irresponsable et inflationniste ». Députés et sénateurs avaient toutefois maintenu ce plafonnement, mais en acceptant d’en décaler l’entrée en vigueur au 1er mars 2024.

Chacun doit « jouer le jeu »

Quelques mois après la promesse du gouvernement d’une « baisse visible des prix » alimentaires à la rentrée, l’addition reste douloureuse pour les consommateurs. Selon l’Insee, les prix dans l’alimentaire étaient en juillet 12,7 % plus élevés qu’un an plus tôt, soit un léger ralentissement par rapport à juin (+13,7%). C’est pourquoi distributeurs et industriels sont à nouveau convoqués à Bercy, ce mercredi 30 et jeudi 31 août, pour trouver des solutions.

Sur fond de baisse des cours des matières premières, le gouvernement avait déjà demandé au printemps aux 75 plus gros industriels du secteur de baisser leurs prix. Ces derniers expliquaient avant l’été s’être engagés à un « effort », généralement sous forme de promotions temporaires, sur le prix d’« à peu près 1 000 produits » de grandes marques.

Avant les industriels, les supermarchés s’étaient de leur côté engagés mi-mars, dans le cadre d’une opération commerciale peu contraignante nommée « trimestre anti-inflation », depuis prolongée, à vendre une sélection de produits laissée à leur discrétion, au « prix le plus bas possible ».

« Je réunirai industriels et distributeurs avec Olivia Grégoire cette semaine pour leur demander de prolonger leurs opérations, qui ont fonctionné », a expliqué Bruno Le Maire lundi sur France Inter. Le gouvernement prévoit de demander d’« élargir à un plus grand nombre de produits » les opérations promotionnelles, et espère convaincre davantage d’industriels de s’engager sur une « baisse des prix ». Dans le cas contraire, « on entre dans la période du budget », attendu fin septembre, « nous avons des instruments à notre disposition pour que chacun joue le jeu », a précisé Bruno Le Maire.

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