Infineon confiant pour l'exercice 2018, le titre monte

par Douglas Busvine et Irene Preisinger

FRANCFORT/MUNICH (Reuters) - Infineon a annoncé mardi prévoir une croissance de son chiffre d'affaires annuel supérieure à celle du secteur en dépit d'un ralentissement des ventes trimestrielles lié à la faiblesse du dollar, ce qui permet à l'action de bondir à la Bourse de Francfort.

Le fabricant allemand de semi-conducteurs, premier fournisseur de puces pour l'industrie et les voitures connectées, prévoit d'accroître son chiffre d'affaires de 9% sur son exercice décalé clos le 30 septembre 2018. Cette prévision est conforme aux attentes des analystes mais elle est nettement supérieure à celle du secteur, attendue en hausse d'environ 5%.

La direction d'Infineon a cependant mis en garde sur une pression sur les marges dans la division automobile qui représente 40% des ventes totales du groupe.

"Le secteur automobile est manifestement agressif en matière de prix", a dit aux analystes le président du directoire Reinhard Ploss lors d'une conférence téléphonique.

L'an dernier, huit des 10 véhicules électriques les plus vendus au monde étaient équipés de puces Infineon, selon la société qui est en concurrence notamment avec Renesas, NXP et Texas Instruments.

Les ventes de produits destinés aux véhicules électriques rechargeables et d'aide avancée à la conduite ont augmenté entre 60 et 80% l'année dernière, portées par les nouveaux modèles des constructeurs.

Le groupe allemand juge les risques sur le secteur automobile modérés car seulement 1 à 2% de sa croissance dépend des ventes unitaires de véhicules.

La direction d'Infineon n'a pas souhaité donner de prévision de croissance pour ces produits mais a noté qu'ils pourraient contribuer à une hausse de 2 points de pourcentage, dans l'hypothèse d'une croissance globale de 8-9%. Les marges du groupe sur ces produits seraient aussi inférieures à la moyenne habituelle en raison d'une concurrence féroce.

Infineon a par ailleurs jugé la hausse des coûts des plaques de silicium préoccupante car le groupe a augmenté la production de son usine de galettes 300 mm en Allemagne de l'Est qui devrait atteindre sa pleine capacité d'ici la fin de la décennie.

Il a également dit qu'il pourrait envisager des acquisitions dans la robotique, même s'il n'y a rien de concret pour le moment.

OPPORTUNITÉ D'ACHAT SUR LE TITRE ?

Les perspectives de croissance d'Infineon pour l'an prochain se rapprochent du taux dégagé par le groupe depuis sa scission de Siemens à la fin des années 1990.

La marge prévue pour ses secteurs d'exploitation, à 17%, est globalement conforme aux prévisions, mais certains analystes s'attendent à ce qu'elle progresse davantage.

"La société est (...) la mieux positionnée pour tirer parti de la hausse des ventes de véhicules électriques", écrivent dans une note les analystes de Liberum, qui voient dans la faiblesse de l'action une opportunité d'achat.

Le titre Infineon a gagné jusqu'à 5% après la publication des résultats et elle gagne encore 3,71% vers 12h00 GMT à la Bourse de Francfort, plus forte hausse de l'indice Dax-30 à Francfort et parmi les meilleures performances de l'indice paneuropéen EuroFirst 300.

Infineon a déclaré s'attendre à un ralentissement saisonnier classique de ses ventes de 2% sur le trimestre en cours comparé au précédent, dans une fourchette de plus ou moins 2 points de pourcentage, et vise une marge sur le segment automobile de 15%.

Le groupe bavarois a enregistré un bénéfice d'exploitation de 177 millions d'euros au quatrième trimestre, en baisse de 22% par rapport à l'année précédente et en deçà de la prévision moyenne de 281 millions d'euros des analystes interrogés par Reuters.

Le chiffre d'affaires a en revanche progressé de 9% sur un an à 1,82 milliard d'euros, mais il est en baisse de 1% par rapport au trimestre précédent. Le consensus des 15 analystes interrogés par Reuters le donnait à 1,84 milliard d'euros.

Ajusté des effets de change, le chiffre d'affaires serait ressorti en hausse de 11% en glissement annuel et de 3% d'un trimestre à l'autre, a précisé le patron d'Infineon.

(Véronique Tison et Claude Chendjou pour le service français)