Infanticide de Berck : quinze ans de prison pour Fabienne Kabou

Il y a d’un côté la mécanique implacable du crime. L’accusée l’a décrite mieux que quiconque. Avec ses mots choisis et son vocabulaire châtié, elle a raconté cette scène sur la plage de Berck, lorsqu’elle a abandonné sa fille de 15 mois à la marée montante. Il y a, de l’autre côté, les voix dans la tête de Fabienne Kabou,«les injonctions», les «fait ceci fait cela». A l’ouverture du procès devant la cour d’appel du Nord, elle a d’ailleurs plaidé «non coupable» parce qu’«elle a été guidée parune énergie malveillante», parce que ce n’était pas elle, c’était «l’autre» qui avait tué.

Jeudi, l’avocate générale avait demandé aux jurés de s’en «tenir aux faits, rien qu’aux faits» : le 19 novembre 2013, Fabienne Kabou a déposé sa fille sur le sable froid, la promettant à une mort certaine. Elle s’est renseignée sur les horaires des marées, a réservé les billets de train. Elle a donc «prémédité son geste». La sorcellerie ne serait «qu’une explication de pure opportunité», a-t-elle insisté, en requérant dix-huit ans de réclusion, comme au premier procès.

Les deux avocats de la défense ont alors choisi d’incarner les voix de Fabienne Kabou. Me Fabienne Roy Nansion a décrit «la prisonnière», celle qui n’arrive pas à faire demi-tour sur la plage, s’exprime si bien qu’on pense qu’elle est rationnelle. Me Frank Berton s’est avancé pour faire exister «l’autre» : celle qui entend des «injonctions», parle de marabouts et de guérisseurs. «Juger c’est comprendre. Elle est malade. Trois psychiatres la mettent sur le fil du rasoir de l’abolition du discernement», a-t-il lancé aux jurés, les exhortant à «baisser sa peine» : vingt ans de prison en première instance.

Après trois heures de délibéré, les jurés l’ont condamnée à quinze ans de réclusion, retenant l’altération du discernement. Dans le box, il n’y a plus «l’autre». Seulement Fabienne Kabou, en larmes.



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