Une inextinguible soif de destruction

Du calife Omar en 637 à Abou Bakr al-Baghdadi en février, de l’Afghanistan au Mali, les fondamentalistes musulmans ont fait la guerre aux sculptures, inspirés par l’iconoclasme de l’Ancien Testament.

Dans la morne plaine, qui s’étend au sud de Bagdad, au beau milieu d’un fouillis de champs et de villages, se dresse l’arc de Ctésiphon, monument d’une grande finesse et d’une belle audace. C’est tout ce qu’il reste de la superbe capitale d’été des Sassanides, détruite par les armées envoyées d’Arabie par le calife Omar en 637. Selon les chroniqueurs de l’époque, l’incendie perpétré par les troupes musulmanes des immenses bibliothèques en araméen contenant tout le savoir de l’Empire perse a duré sans discontinuer plus de six semaines, jour et nuit. Ce fut l’une des pires tragédies culturelles de l’humanité.

Elle résonne aujourd’hui tristement à l’heure où les forces de l’Etat islamique viennent de s’emparer de Palmyre. Détruire tout ce qui ne se réfère pas directement à l’islam n’est donc pas leur spécificité. On retrouve cette stratégie de la tabula rasa dans l’idéologie des talibans comme dans celle d’Ansar ed-Dine au Mali ou de Boko Haram au Nigeria. Elle a accompagné nombre de conquêtes musulmanes, qu’entend prolonger l’Etat islamique.

Sourate. Ce fondamentalisme des origines, on peut en suivre la généalogie : Ibn Hanbal à Bagdad au IXe siècle, le Damascène Ibn Taymiyyah au XIVe siècle, qui proclama de terribles fatwas contre les alaouites, Mohammed ibn Abd al-Whahhab au XVIIIe siècle, un obscur prédicateur dont l’alliance avec la maison des Saoud permit de fonder le royaume qui porte son nom. Pour eux, «Allah tout puissant est le seul vrai sanctuaire et tous les autres sanctuaires doivent être fracassés». C’est pourquoi, en avril 1802, le chef de tribu Abdelaziz ben Saoud, à la tête des wahhabites, envahit l’Irak, razzia les villes saintes chiites de Nadjaf et Kerbala, et détruisit les sanctuaires, dont celui de l’imam Hussein.

L’anéantissement (en 2001) des deux (...)

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Verrou
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