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Indonésie : ne confondez pas la frugalité des habitants de Yogyakarta avec de la pauvreté

“Une enquête de l’Agence centrale des statistiques (BPS) montre que le taux de pauvreté pour la province de Yogyakarta est de 11,49 %, le plus élevé à Java”, rapporte Kompas.

“Pauvres ? Nous !” Selon le quotidien, les 3,7 millions d’habitants de Yogyakarta sont irrités de se voir affublés du label quelque peu stigmatisant de “région la plus pauvre” de l’île. Ils se distinguent pourtant par leur “coefficient de bonheur” bien supérieur à la moyenne nationale, selon des données également récoltées par l’Agence centrale des statistiques en 2021.

Pour en arriver à cette conclusion, l’agence avait tenu compte, dans son calcul, de la capacité des ménages à satisfaire les besoins de base, c’est-à-dire les dépenses de consommation. “Si le niveau de dépenses est faible et inférieur au seuil de pauvreté, une personne est qualifiée de pauvre.”

Un IDH parmi les plus hauts du pays

Ces résultats peinent à traduire une philosophie de vie largement répandue chez les habitants et connue sous l’appellation prihatin. Ce terme polysémique désigne à la fois une forme d’affliction mais également une capacité à cacher sa douleur et prêter davantage attention à celle des autres.

Ce concept est souvent associé à une pratique, le laku prihatin, qui consiste à limiter son temps de sommeil, sa quantité de nourriture et ses possessions au strict nécessaire. Il s’agit d’un ascétisme influencé par le soufisme (ensemble de pratiques spirituelles considérées comme ésotériques au sein de l’islam), le bouddhisme et l’hindouisme – trois courants spirituels présents à Java.

“Dans la vie quotidienne, prihatin renvoie à une autre expression javanaise : ‘gemi nastiti tur ngati-ati’, qui signifie littéralement ‘attention et prudence’ et, par extension, pose la question ‘pourquoi dépenser quand on n’en a pas besoin’.” Cette habitude d’épargner, confirmée par les données de la Banque d’Indonésie, s’accompagne d’un mode de vie simple et pratique. Ainsi, selon une autre enquête sur la vie des ménages, plus de 60 % des habitants de Yogyakarta consomment les fruits et légumes qu’ils cultivent dans leur jardin ou la cour de leur maison. Un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale. Ils se nourrissent essentiellement de protéines végétales, comme le soja.

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