Publicité

Indonésie : Au moins 174 morts après un mouvement de foule dans un stade

Mécontent de la défaite de leur équipe de football, des supporters ont tenté d’envahir la pelouse. Face à la réaction des forces de l’ordre, une immense bousculade a eu lieu.

FOOTBALL - C’est une tragédie qui restera malheureusement dans l’Histoire du football. Ce samedi 1er octobre au soir, en Indonésie, au moins 174 personnes ont été tuées dans une gigantesque bousculade survenue au stade Kanjuruhan, à Malang, à l’Est de l’île de Sumatra. Un drame survenu alors que des milliers de supporters étaient descendus sur la pelouse pour manifester leur mécontentement après une défaite, et qu’ils ont été pris à partie par la police.

Dans ce pays où les rixes entre passionnés de football sont tristement fréquentes, des supporters de l’équipe du Arema FC ont pénétré sur le terrain après la défaite de leur équipe (3-2) contre celle de Persebaya Surabaya. C’était la première fois en plus de vingt ans que l’Arema FC perdait face à sa grande rivale.

La police, qui a qualifié cet événement d’« émeutes », a tenté de persuader les fans de regagner les gradins et tiré des gaz lacrymogènes après la mort de deux policiers. De nombreuses victimes ont été piétinées mortellement. Quelque 180 blessés sont également à déplorer, selon un bilan des autorités.

La police doit-elle être mise en cause ?

Du mouvement de foule, des survivants ont ainsi décrit des spectateurs pris de panique, bloqués par la foule, quand la police a lancé des gaz lacrymogènes. Des images capturées à l’intérieur du stade montrent une énorme quantité de gaz lacrymogène et des personnes s’agrippant aux barrières, tentant de s’échapper. D’autres portaient des spectateurs blessés, se frayant un chemin à travers le chaos.

« Des policiers ont projeté du gaz lacrymogène, et les gens se sont aussitôt précipités pour sortir en se poussant les uns les autres et ça a provoqué beaucoup de victimes », a indiqué à l’AFP Doni, un spectateur de 43 ans, qui n’a pas voulu donner son nom de famille. « Il n’y avait rien, pas d’émeutes. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ils ont soudainement envoyé du gaz lacrymogène », a-t-il déclaré. « Ce qui m’a choqué c’est qu’ils n’ont pas pensé aux femmes et aux enfants ? »

Après le drame, le président indonésien Joko Widodo a ordonné ce dimanche 2 octobre « une évaluation complète des matchs de football et des procédures de sécurité », après cet incident. Il a demandé à l’Association nationale du football de suspendre tous les matchs jusqu’à des « améliorations de la sécurité ». Et d’ajouter à la télévision : « Je regrette profondément cette tragédie et espère que cette tragédie liée au football sera la dernière dans notre pas. »

Spectacle de désolation

Alors que le stade contenait 42 000 personnes et était au complet selon les autorités, quelque 3 000 d’entre eux ont envahi le terrain en signe de colère après le match. Le directeur d’un hôpital a indiqué sur une chaîne de télévision locale qu’une des victimes n’avait que cinq ans.

Un spectacle désolant devant le stade témoignait dimanche matin des agitations de la veille : des véhicules calcinés, dont un camion de police, jonchaient les rues. La police a fait état de 13 véhicules brûlés.

Le gouvernement indonésien a présenté ses excuses pour cet incident. « Nous sommes désolés pour cet incident (...) regrettable qui ’blesse’ notre football à un moment où les supporters peuvent assister à un match dans un stade » après une longue interruption pendant la pandémie de covid-19, a déclaré le ministre indonésien des Sports et de la Jeunesse Zainudin Amali à la chaîne Kompas.

Mea culpa aussi du côté de l’Association de Football d’Indonésie (PSSI), qui a suspendu tous les matches prévus cette semaine. « Nous sommes désolés et nous présentons nos excuses aux familles des victimes et à toutes les parties pour cet incident », a dit le président de PSSI, Mochamad Iriawan. Le chef de la Confédération asiatique du football, a quant à lui exprimé ses regrets face aux pertes humaines. « Je suis profondément choqué et attristé d’apprendre des nouvelles aussi tragiques venant d’Indonésie, un pays où l’on aime le football », a déclaré Salman bin Ebrahim Al Khalifa dans un communiqué. D’autant que l’Indonésie doit accueillir l’an prochain la compétition la Coupe du monde des moins de 20 ans dans plusieurs stades du pays, mais celui de Malang n’en fait pas partie.

Hillsborough, Port Said… des précédents tragiques

La violence des supporters est un problème en Indonésie, où les rivalités de longue date se sont transformées en affrontements mortels. Certains matches (le plus important étant derby entre Persija Jakarta et Persib Bandung) sont si tendus que les joueurs des équipes de haut niveau doivent s’y rendre sous haute protection.

Pour la rencontre de ce samedi, les fans de Persebaya Surabaya n’avaient pas été autorisés à acheter des billets pour le match, de crainte d’incidents.

Par le passé, le monde du football a été plusieurs fois touché par des tragédies similaires, liées à des mouvements de foule. En 1989, une immense bousculade au stade de Hillsborough, à Sheffield, en Grande-Bretagne avait causé la mort de 97 fans de Liverpool. En 2012, le stade de Port Said en Égypte avait connu un autre drame avec 74 morts. Pire encore, en 1964, 320 personnes sont mortes et plus d’un millier a été blessé dans un mouvement de foule au stade national de Lima au cours d’un match de qualification entre le Pérou et l’Argentine.

VIDÉO - Incidents à Nice-Cologne - Rivère : "Il y en a marre !"

Après les incidents au Stade de France, deux supporters de Liverpool se sont suicidés

undefinedundefined

C'était il y a 30 ans jour pour jour: le drame du Heysel

undefined