Inde : manifestations et grève nationale de médecins, après le viol et le meurtre d'une praticienne

En Inde, une jeune femme médecin de 31 ans a été violée et tuée, son corps ayant été retrouvé le 9 août dans un hôpital de Calcutta. Ce crime suscite l'indignation dans le pays. De vastes manifestations ont été organisées et des médecins se sont mis en grève ce samedi 17 août.

Un crime qui suscite la colère. En Inde, une grève nationale a été lancée par des médecins ce samedi 17 août pour dénoncer le viol et le meurtre d'une jeune praticienne, dans un pays marqué par les violences contre les femmes.

Dans un premier temps, médecins et professionnels de santé ont appelé à manifester pour obtenir la mise en place de mesures. Des dizaines de milliers d'Indiens ont rapidement rejoint le mouvement et de vastes manifestations se sont déroulées.

Depuis lundi, les médecins des hôpitaux publics de différents États indiens avaient déjà interrompu les soins non urgents pour une durée "indéterminée", réclamant davantage de sécurité sur leur lieu de travail. De nombreux syndicats médicaux, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, ont soutenu ces débrayages.

Des milliers d'Indiens ont défilé vendredi pour réclamer justice. Ils sont descendus dans les rues de Calcutta, mais aussi dans la capitale New Delhi et à Nagpur, dans l'État du Maharashtra.

"Les mains qui guérissent ne devraient pas saigner", pouvait-on lire sur une pancarte tenue par un manifestant à Calcutta.

"Trop c'est trop" proclamait une autre, lors d'un rassemblement de médecins dans la capitale New Delhi.

Une manifestante, Sumita Datta, 59 ans, a partagé son dégoût qu'une telle agression ait pu être perpétrée "dans un hôpital connu au coeur de la ville". Balayant la foule du regard, elle a ajouté : "Tant de gens sont venus (...). On a l'impression que l'espoir renaît".

Le corps de la jeune femme de 31 ans a été retrouvé ensanglanté le 9 août dernier dans un hôpital public de la ville de Calcutta.

Elle a été retrouvée dans un amphithéâtre de l'hôpital universitaire, ce qui laisse penser qu'elle s'y était rendue pour se reposer lors d'une garde de 36 heures.

Une autopsie a confirmé le viol et l'homicide. Dans une requête déposée auprès du tribunal, les parents de la victime ont dit soupçonner un viol collectif.

Ce samedi matin, l'Association médicale indienne (IMA) a intensifié le mouvement de mobilisation des médecins en décrétant une grève de 24 heures, excepté pour les urgences.

"Nous demandons la compréhension et le soutien de la nation dans cette lutte pour la justice en faveur de ses médecins et de ses filles", a déclaré le chef de l'IMA, R.V. Asokan, dans un communiqué.

"Les 36 heures de garde de la victime et l'absence de lieux sûrs pour se reposer justifient une révision complète des conditions de travail et de vie des médecins internes", a déclaré l'IMA, en qualifiant ce meurtre de "barbare".

Les médecins réclament la mise en oeuvre du projet de loi sur la protection centrale (Central Protection Act) visant à prémunir les soignants contre la violence.

Les violences sexuelles à l'encontre des femmes sont très répandues en Inde, avec en moyenne près de 90 viols par jour signalés en 2022 dans ce pays de 1,4 milliard d'habitants.

Le viol et le meurtre d'une jeune femme dans un autobus de New Delhi en 2012 avaient déclenché d'immenses manifestations, parfois violentes.

Sous la pression de l'opinion publique, le gouvernement avait promulgué des peines plus dures pour les violeurs et même la peine de mort pour les récidivistes. Plusieurs nouveaux délits sexuels ont également été introduits, en particulier le harcèlement, et des peines de prison pour les fonctionnaires qui n'enregistrent pas les plaintes pour viol.

Article original publié sur BFMTV.com