Inde : l'interdiction d'exporter aggrave la détresse des producteurs de blé

En Inde, l'interdiction d'exporter le blé décidée par New Delhi a un goût amer pour les agriculteurs. Si au niveau mondial, les prix sont au plus hauts en raison de la guerre en Ukraine, sur le marché intérieur indien, les prix se sont effondrés.

Depuis la brusque décision des autorités, ils ont atteint un prix plancher fixé par le gouvernement. L'Inde, deuxième producteur mondial de blé, avait dans un premier temps, proposé d'aider à combler le déficit mondial causé par la guerre en Ukraine en augmentant ses exportations.

Mais vu la baisse de la production due à la canicule, le Premier ministre Narendra Modi s'est ravisé et a au contraire décidé d'interdire ces exportations.

"Le gouvernement pensait que les besoins du pays seraient satisfaits avec une bonne récolte et qu'on pourrait exporter. Mais il y a eu 20 % de rendement en moins à cause de la canicule", rappelle Raj Sood, négociant en blé.

Les prix bas actuels ajoutent à la détresse des millions de petits exploitants agricoles frappés par des températures toujours plus élevées et des productions en baisse.

"Cette année, notre rendement a été divisé par deux", témoigne dans le Pendjab l'agriculteur Navtej Singh, "à cause de la canicule, la partie supérieure des gousses de blé a séché et est tombée", précise-t-il.

Dans le même temps, les autorités ont réduit les quantités achetées pour le vaste système de distribution public, qui fournit des céréales à des prix très réduits à quelque 800 millions de personnes, en raison de la fin des dispositifs d'aide mis en place pendant la pandémie.

Résultat : si pour les négociants indiens le prix du blé a dégringolé, pour le petit consommateur final, le prix au détail de la farine de blé est au plus haut depuis 12 ans.