Incursion ukrainienne en Russie : une enquête ouverte contre deux journalistes italiens après un reportage dans la région de Koursk

Les services de sécurité russes ont ouvert une enquête pénale contre deux journalistes de la RAI, accusés de « franchissement illégal de la frontière ».

RUSSIE - Un reportage de deux minutes qui n’a pas du tout plu à Moscou. Les services de sécurité russes (FSB) ont ouvert une enquête ce samedi 17 août à l’encontre de Stefania Battistini et Simone Traini, journalistes de la télévision publique italienne. D’après les agences de presse russes, les deux professionnels sont accusés d’avoir franchi « illégalement » la frontière entre l’Ukraine et la Russie pour documenter l’incursion de l’armée ukrainienne dans la région de Koursk, à Soudja.

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La ville, située à une dizaine de kilomètres de l’Ukraine, a été conquise par les forces ukrainiennes, affirme Kiev. L’incursion, qui a débuté le 6 août dernier, a surpris Moscou, conduisant Vladimir Poutine à ordonner à ses troupes d’« expulser l’ennemi » du territoire le 12 août dernier. Mais Volodymyr Zelensky s’est félicité ce samedi 17 août du « renforcement » des positions ukrainiennes dans la zone, qu’il souhaiterait ériger en « zone tampon ».

Avant l’ouverture de l’enquête du FSB, Moscou avait convoqué l’ambassadrice italienne en Russie, Cecilia Piccioni, vendredi 16 août. « L’ambassadrice s’est vue exprimer une vive protestation du fait des agissements d’une équipe de tournage de la radio-télévision publique RAI qui est entrée illégalement en Russie pour couvrir l’attaque terroriste criminelle de soldats ukrainiens contre la région de Koursk », avait expliqué la diplomatie russe dans un communiqué, selon laquelle les deux reporters tombent sous le Code pénal russe et risquent jusqu’à 5 ans de prison.

« L’ambassadrice Cecilia Piccioni a expliqué que la RAI et en particulier les équipes éditoriales planifient leurs activités de manière totalement autonome et indépendante », a rétorqué la diplomatie italienne, soulignant en creux la mainmise de Vladimir Poutine et de ses soutiens sur les médias russes.

Dans le reportage dont un extrait a été publié le 14 août dernier sur X, la journaliste Stefania Battistini commente l’entrée de l’équipe dans la région de Koursk dans un véhicule de l’armée ukrainienne : « C’est depuis ces champs que la Russie a attaqué l’Ukraine il y a plus de deux ans et demi », dit-elle, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Un peu plus tard, les journalistes se filment à découvert dans Soudja, les militaires ukrainiens affirmant contrôler la ville.

« Le journalisme n’est pas un crime. La possibilité pour les autorités moscovites de juger Stefania Battistini et Simone Traini est inacceptable. Les reportages ne sont pas réalisés avec des autorisations préalables », se sont insurgés le syndicat Usigrai de la RAI et le syndicat national de la presse italienne FNSI dans un communiqué commun.

De son côté, la télévision publique italienne « a décidé de faire rentrer temporairement en Italie la journaliste Stefania Battistini et le caméraman Simone Traini, uniquement pour assurer leur sécurité personnelle », a indiqué la RAI à Reuters. Les deux journalistes doivent embarquer à destination de Milan dimanche 18 août.

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