Incursion ukrainienne en Russie : Alexeï Dioumine, cet ex-garde du corps de Poutine chargé de piloter la riposte à Koursk

Le président russe Vladimir Poutine (à droite)
avec le gouverneur de la région de Toula, Alexei Dyumin (à gauche), lors de sa visite au Centre de situation du gouverneur de la région de Toula, en Russie, le 23 décembre 2022. (Photo by SPUTNIK / AFP)
- / AFP Le président russe Vladimir Poutine (à droite) avec le gouverneur de la région de Toula, Alexei Dyumin (à gauche), lors de sa visite au Centre de situation du gouverneur de la région de Toula, en Russie, le 23 décembre 2022. (Photo by SPUTNIK / AFP)

RUSSIE - Un homme à l’ascension fulgurante. Lors de la réunion organisée par Vladimir Poutine le 12 août dernier pour répondre à la récente incursion ukrainienne dans la région de Koursk, il était le seul à ne faire partie ni de l’armée, ni des services secrets. Natif de Koursk, justement, Alexeï Dioumine est désormais le responsable de l’« opération de contre-terrorisme » visant à expulser les forces ukrainiennes du territoire russe, a relevé le think-tank américain Institut pour l’Étude de la Guerre (ISW).

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Depuis le 6 août, l’armée ukrainienne, qui a traversé la frontière avec son ennemi de l’est, continue à grignoter du terrain, revendiquant la prise de plus de 80 localités. Ce dimanche 18 août, le commandant de l’armée de l’air, Mykola Olechtchouk, s’est félicité de la destruction d’un second pont important pour l’armée russe, deux jours après une première revendication similaire.

Du côté du Kremlin, aucune information officielle n’a été publiée quant à la nomination de Dioumine. Mais plusieurs blogueurs proches du pouvoir russe ont affirmé que l’ancien garde du corps de 51 ans avait bien reçu pour mission de superviser la riposte de l’incursion ukrainienne, relaye l’ISW. Un député de l’oblast de Koursk, Nikolai Ivanov, a également déclaré que des sources lui avaient fait part de cette nomination.

De garde du corps à gouverneur

« Comme Poutine, Alexeï Dioumine a commencé sa carrière dans les services de renseignement », précise RFI. Au milieu des années 1990, le jeune homme entre au FSB après avoir obtenu un diplôme de génie militaire. Il fait ensuite ses armes comme garde du corps dans les années 2000, en tant que membre du service de sécurité présidentiel.

Un poste au plus proche de Vladimir Poutine qui lui a permis de prouver sa loyauté, comme l’explique Le Monde : « Lorsqu’il était en charge de sa sécurité, il participait à ses parties de hockey sur glace, l’une de leurs passions communes. Sa tâche, alors, aurait consisté à s’assurer que le président marque toujours. En Sibérie, il aurait aussi fait fuir… un ours devant la résidence de Vladimir Poutine. »

Alexeï Dioumine monte en grade en 2014, lorsqu’il est nommé chef adjoint du GRU, le service de renseignement militaire russe. Éphémère vice-ministre de la Défense en 2015, le fidèle de Vladimir Poutine est parachuté en 2016 gouverneur de la région de Toula, à 200 km au sud de Moscou, qui est, rappelle RFI, stratégique dans l’industrie de l’armement. Plus récemment, en mai 2024, Alexeï Dioumine s’est encore rapproché des hautes sphères du pouvoir en étant nommé secrétaire du Conseil d’État par le président russe.

Un loyal du pouvoir russe

Sa « nomination (...) s’inscrit probablement dans le cadre des efforts déployés par Poutine pour s’assurer que ses agences travaillent activement de manière coordonnée et sous le contrôle direct de son administration présidentielle pour faire face à l’incursion ukrainienne, et qu’il reste informé de la situation », insiste l’ISW. Autrement dit, Poutine envoie un fidèle pour montrer aux autorités régionales et à l’armée qu’il reprend la main sur la situation.

Comme le souligne le think tank, le président russe a suggéré, par le biais de certaines déclarations et nominations, ne pas être satisfait du manque d’anticipation de l’incursion ukrainienne et de sa gestion par le commandement militaire russe. Le chef d’État-major, le général Valéri Guerrassimov, avait tenté de présenter les services de renseignement russes comme contrôlant la situation dans la région de Koursk, ce qui s’est avéré ne pas être le cas.

Alexeï Dioumine, parfois présenté comme un potentiel successeur de Vladimir Poutine, est donc chargé de contrecarrer les plans ukrainiens dans la région de Koursk, qui espère en faire une « zone tampon » avec la Russie, et un levier de négociation dans la guerre en Ukraine.

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